UNE SIMPLE prise de sang pourrait permettre de détecter les personnes particulièrement à risque de maladie d'Alzheimer. Une équipe américaine vient en effet de valider l'hypothèse selon laquelle le niveau plasmatique du peptide bêta amyloïde Aß42 constitue un biomarqueur de la maladie.
Les peptides bêta amyloïdes Aß40 et Aß42 sont deux des principaux peptides générés par clivage protéolytique de la protéine précurseur de l'amyloïde (APP, pour Amyloid Precursor Protein). Diverses données ont suggéré que la mesure de leur niveau plasmatique pourrait permettre de détecter les personnes à risque de maladie d'Alzheimer : chez les souris génétiquement modifiées pour développer la maladie, la quantité de peptides présente dans le plasma et le liquide céphalo-rachidien augmente avec l'âge, puis décroît brusquement lorsque les premiers troubles cognitifs apparaissent. Des données semblables ont également été obtenues au cours de certaines études conduites sur des patients atteints de troubles cognitifs modérés et des adultes porteurs d'une trisomie 21 qui développent par la suite une démence. La signification et la valeur prédictive du taux plasmatique des peptides Aß40 et Aß42 dans le dépistage de la maladie d'Alzheimer n'ont cependant jamais été démontrées de manière formelle.
Richard Mayeux et coll. (universités Colombia et Rockefeller, New York) ont décidé de conduire une étude longitudinale afin de remédier à ce manquement.
Aucun signe de démence à l'entrée dans l'étude.
Les chercheurs ont suivi une cohorte de 1 125 personnes âgées de moins de 65 ans pendant une période moyenne de 4,6 ans. Les participants ne présentaient aucun signe de démence au début de l'étude. Leurs niveaux plasmatiques de peptides Aß40 et Aß42 et de protofibrilles Aß42 ont été mesurés en début et en fin de suivi.
Sur l'ensemble des sujets suivis, 104 (9,2 %) ont développé une maladie d'Alzheimer au cours de l'étude. Leur niveau plasmatique moyen de ß42 de départ était significativement supérieur à celui mesuré chez les sujets qui n'ont pas développé de démence. Les données recueillies indiquent que les sujets montrant les plus hauts niveaux plasmatiques de ß42 en début d'étude (sujets appartenant aux deux plus hauts quartiles) ont deux ou trois fois plus de risque de déclarer une démence sénile que ceux présentant les taux les plus bas (sujets du dernier quartile). Cette association persiste lorsque les données sont corrigées par l'âge, le sexe, l'origine, l'indice de masse corporelle et le statut génétique APOE des patients.
Mayeux et son équipe ont également noté un lien fort entre une diminution du niveau plasmatique de ß42 au cours de l'étude et l'apparition de la maladie d'Alzheimer : la décroissance de la quantité de peptides Aß42 mesurée dans le plasma est en effet associée à une augmentation d'un facteur 3 du risque de maladie. De même, une diminution de la quantité de protofibrilles ß42 semble associée à l'apparition des premiers symptômes de déclin cognitif caractérisant la maladie d'Alzheimer.
Aucune association entre les niveaux plasmatiques de peptides ß40 en début ou en fin de suivi et la survenue d'une démence n'a pu être observée.
L'ensemble de ces données est donc en plein accord avec l'hypothèse élaborée à partir des observations réalisées chez la souris : une élévation du niveau plasmatique peptide ß42 semble bien être associée à un risque majoré de maladie d'Alzheimer. La maladie ne se déclare cependant qu'à la suite d'une diminution importante de la quantité de peptides présents dans le plasma des patients. Ce phénomène pourrait s'expliquer par une relocalisation au niveau cérébral du peptide et de ces protofibrilles.
Schupf N et coll. « Proc Natl Acad Sci USA » du 16 septembre 2008, vol. 105, 14052-7.
Gare à l'obésité
Une étude menée sur des souris suggère l'existence d'un lien entre obésité, diabète de type 2 et neurodégénérescence. Suzanne de la Monte et coll. ont observé ce phénomène en soumettant les animaux à une régime riche en lipides. Les souris ont développé un diabète, leur poids a doublé, mais celui de leur cerveau a diminué.
Les chercheurs suggèrent en conséquence que l'obésité et/ou le diabète de type 2 pourrait constituer un facteur de risque de maladie neurodégénérative telle que la maladie d'Alzheimer.
« J Alzheimer Disease », septembre 2008.
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