LES SATISFECIT ont été de courte durée lors de la conférence-débat du MEDEC consacrée à «la réforme à mi-parcours» et co-animée par le Dr Gérard Kouchner, président de CMPMedica France, et Daniel Vial, directeur de Pharmaceutiques.
Certes, les résultats chiffrés de la réforme, un an et demi après l’adoption de la loi Douste-Blazy, parlent d’eux-mêmes pour le ministre délégué à la Sécurité sociale et le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam). «Loin de se rétracter, notre assurance-maladie se consolide», avec «76% des dépenses de santé» remboursées en moyenne, soit «un point de plus qu’avant», s’est félicité le ministre Philippe Bas. Selon le directeur de l’Uncam, «37millions de personnes», soit «72,8% des assurés», ont déjà choisi leur médecin traitant. En outre, a ajouté Frédéric van Roekeghem, «les assurés ont bien compris les règles du jeu», puisque «75% des consultations se situent dans le parcours de soins coordonné».
Une poignée de militants d’Act Up a cependant troublé ce bilan flatteur. De la salle, ils ont interpellé les pouvoirs publics sur les problèmes rencontrés par les malades du sida pour lesquels les parcours de soins sont, selon eux, synonymes de «parcours d’obstacles» et de «cauchemar». Plusieurs médecins de l’assistance ont fait part aussi des tracasseries administratives des caisses, évoquant des protocoles de prise en charge ALD «renvoyés dix ou quinze fois par les médecins conseils». La veille, en réponse aux critiques d’Act Up, le Syndicat des médecins libéraux (SML) avait levé son mot d’ordre de «super-maîtrise» des prescriptions aux patients ALD en l’absence de protocole.
Interrompu dans son discours, Philippe Bas s’est déclaré «déterminé à examiner les difficultés rencontrées» , afin que les protocoles de soins des ALD puissent être remplis plus facilement par le médecin «en cas d’urgence». Quant au directeur de l’Uncam, il a évoqué «le travail interne de l’assurance-maladie pour une meilleure fluidité des protocoles ALD» élaborés par le médecin traitant.
Des outils à venir.
Frédéric van Roekeghem a fait remarquer par ailleurs qu’ «il manque encore un certain nombre d’outils» pour poursuivre la réforme, en particulier les référentiels de la Haute Autorité de santé (HAS) nécessaires aux nouveaux protocoles de soins ALD et, bien sûr, le dossier médical personnel (DMP). «La réforme ne sera complète que lorsque le DMP sera opérationnel», a estimé le directeur de l’Uncam. «Chaque jour qui s’écoule nous montre à quel point il manque», a renchéri le Dr Michel Chassang, leader de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français).
Stéphane Thiroloix, vice-président Europe et directeur général de BMS France, a rappelé que le DMP «n’avance pas à une vitesse qui permet d’envisager les économies prévues». De son côté, Philippe Bas a assuré que «les premières expérimentations du DMP débuteront d’ici à la fin du mois d’avril», afin que le dossier soit «généralisé en 2007».
Tout en reconnaissant «le bien-fondé de la nouvelle gouvernance» issue de la réforme, le directeur de BMS France s’est interrogé sur «l’ombre» portée par une vision «comptable» illustrée par le plan médicament.
Pour le Dr Pierre Costes, président de MG-France, les «enveloppes économiques (prévues par les accords conventionnels), c’est du comptable». Or «la médecine générale ne peut pas fonctionner comme cela».
Michel Chassang, lui, estime que la réforme s’inscrit bien dans le principe de la maîtrise médicalisée des dépenses, mais celle-ci «ne suffira pas» pour remédier aux «difficultés financières de notre bonne vieille Sécurité sociale». «Il faudra revoir son financement et le périmètre de prise en charge», a déclaré le président de la Csmf.
Le directeur général de la Mutualité française prend acte du ralentissement des dépenses, mais «est-il durable?», s’est-il interrogé. Daniel Lenoir s’est dit «plutôt inquiet» en raison du «risque systémique» encouru aujourd’hui. Cela consisterait, a-t-il expliqué, à «scier la branche sur laquelle on est assis», notamment en reportant «indéfiniment» le poids du déficit sur les générations futures. La Mutualité «n’est pas opposée à la révision du partage entre régimes obligatoires et complémentaires, mais pas de façon aveugle».
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