Si l'on sait depuis longtemps qu'une fréquence cardiaque élevée est un facteur de risque de mortalité, c'est l'étude épidémiologique IPC (1) qui a permis d'établir qu'une fréquence cardiaque élevée est un facteur de risque indépendant de développer une hypertension artérielle (HTA).
Réalisé entre 1992 et 1995 sur 100 000 sujets tout-venant et en bonne santé - dont deux fois plus d'hommes que de femmes - ce travail a en effet montré que les patients dont la fréquence cardiaque (FC) était supérieure à 85 battements par minute (bpm) étaient hypertendus pour 21 % d'entre eux, tandis que ceux qui battaient à moins de 85 bpm n'étaient hypertendus que pour 4 %, ces proportions étant identiques chez les hommes et chez les femmes bien que ces dernières aient toujours une FC de repos supérieure de quelques points à celle des hommes.
En pratique, cette relation positive significative entre FC et HTA est souvent complétée par l'existence chez les patients d'autres facteurs de risque : hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, hyperglycémie, sédentarité...
Etude Syst-Eur.
Au plan physiopathologique, cette fréquence cardiaque élevée témoigne d'un déséquilibre chronique du système nerveux autonome, qui prend la forme d'une hypertonie sympathique mais, au-delà de cette simple constatation, il est surtout intéressant de connaître la valeur prédictive de la FC ambulatoire chez l'hypertendu.
C'est, entre autres, avec cet objectif que l'étude Syst-Eur (2) a été réalisée, qui a suivi sur vingt-quatre mois 4 682 hypertendus d'âge moyen 70 ans, dont 807 ont fait l'objet d'une mesure de la FC de repos et de Holters tensionnels.
L'évaluation au long cours de ces paramètres a permis de mettre en évidence que la FC de base donne les mêmes renseignements pronostiques que la FC des 24 heures, la FC de jour et la FC de nuit. L'analyse multivariée a par ailleurs montré qu'il existe une corrélation significative entre la FC de base et la mortalité non cardio-vasculaire mais seulement dans le groupe d'hypertendus non traités.
En pratique.
La fréquence cardiaque élevée (soit supérieure au seuil théorique de 85 bpm) étant un risque de mortalité globale et l'hypertension artérielle, un risque de mortalité cardio-vasculaire, les deux facteurs associés potentialisent le risque global de mortalité. Les patients hypertendus à FC élevée doivent donc faire l'objet d'une prise en charge thérapeutique. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe cependant, il n'y a pas de recommandations spécifiques quant à cette prise en charge.
Dans la mesure où il existe chez ces patients une hypertonie sympathique et qu'ils sont plus facilement sujets au stress, il est logique de leur conseiller l'observance quotidienne de règles hygiéno-diététiques, dont la lutte contre la sédentarité ne sera pas la moindre.
Un traitement médicamenteux peut cependant être nécessaire et, chez un sujet jeune qui ne présente pas de contre-indications, le bon sens pratique doit dicter au médecin de prescrire un bêtabloquant du type bétaxolol*, c'est-à-dire :
- dépourvu d'activité sympathique intrinsèque ;
- fortement cardiosélectif ;
- à longue demi-vie d'action ;
- à posologie unique quotidienne ;
- qui permet un activité physique normale, surtout à l'effort (cf. encadré).
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(1) « Journal of Hypertension » 1999 ; 17 : 1671-1677
(2) Staessen JA et coll. Randomised double-blind comparison of placebo and active treatment for older patients with isolated systolic hypertension. Lancet 1997 ; 350 : 757-764. Etude Syst-Eur.
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Permettre une activité physique normale
Il n'est pas facultatif qu'un bêtabloquant prescrit à un hypertendu dont la fréquence cardiaque est élevée permette une activité physique normale, surtout à l'effort. L'un des moyens de diminuer la pression artérielle est en effet de pratiquer quotidiennement un exercice physique en aérobie, c'est-à-dire lentement et longtemps : vingt minutes, cinq fois par semaine selon les recommandations.
Un bêtabloquant qui empêcherait ce type de patient de pratiquer une activité physique bénéfique pour sa pression artérielle, d'une part diminuerait le bénéfice clinique global du sujet, et, d'autre part, entraînerait un risque d'inobservance non négligeable.
>>>> Dr D. O.
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