LE PROPANOLOL pourrait constituer une bonne alternative à l'administration de corticostéroïdes, d'interféron alfa ou de vincristine dans le traitement des angiomes sévères du nourrisson.
Cette stratégie thérapeutique a été testée avec succès chez onze jeunes patients suivis au CHU de Bordeaux. «Le rapport bénéfice/risque d'un tel traitement devra cependant être évalué chez des bébés porteurs de lésions moins alarmantes», a précisé Christine Léauté-Labrèze.
Le médecin et ses collègues ont découvert cet effet des bêtabloquants chez deux nouveau-nés montrant des lésions cutanées particulièrement graves, accompagnées de troubles cardiaques. C'est d'ailleurs en raison de ces derniers troubles qu'il avait été décidé de leur administrer du propranolol.
Il est apparu que les molécules bêtabloquantes conduisaient à une amélioration rapide de l'aspect des angiomes cutanés des deux jeunes patients.
Étendus ou particulièrement défigurants.
Ce résultat inattendu a alors poussé l'équipe à tester l'effet du propranolol chez neuf autres nourrissons, exempts de problèmes cardiaques, mais porteurs d'angiomes très étendus ou particulièrement défigurants. Dans tous les cas, la molécule a conduit à une modification bénéfique de l'aspect des lésions cutanées : dès la 24e heure suivant le début du traitement, les angiomes ont changé de couleur, passant du rouge vif au violet. En outre, ils sont devenus plus lisses à la palpation. Au fil des jours, ces améliorations se sont poursuivies, et les angiomes sont finalement devenus pratiquement plats.
Aucun effet secondaire délétère lié à l'administration du propranolol n'a été observé chez les enfants traités, même si une hypotension a été notée chez certains d'entre eux.
Les mécanismes de croissance et d'involution des angiomes cutanés sont encore assez mal compris. Il est cependant établi que deux facteurs proangiogéniques, bFGF et VEGF, jouent un rôle majeur dans leur formation. L'équipe française imagine que l'effet bénéfique du propranolol pourrait passer par : l'induction d'une vasoconstriction qui conduirait au changement de couleur de la lésion ; une diminution de l'expression des deux facteurs proangiogéniques, via l'inactivation de la voie de signalisation cellulaire RAF-MAP kinase ; l'induction de l'apoptose des cellules endothéliales des capillaires de l'angiome.
« N Engl J Med » du 12 juin 2008, pp. 2649-2651.
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