L’alimentation bio n’a pas d’intérêt nutritionnel pour le consommateur par rapport aux aliments classiques. Cette annonce au cœur de l’été, à l’issue d’une vaste méta-analyse, a fait l’effet d’un pavé dans la marre. Ses auteurs ont passé en revue plusieurs milliers d’études et observé les mêmes teneurs en vitamine C, calcium, phosphore, potassium, fer, nitrates, manganèse, protéines spécifiques de l’aliment, sodium ou encore ß-carotène… dans les aliments bio et dans ceux issus de l’agriculture ou de l’élevage traditionnels. Cette information n’a pourtant rien de révolutionnaire. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments aboutissait déjà aux mêmes conclusions six ans plus tôt. Elle indiquait dans son rapport que « sur la base d’un nombre important de travaux validés, les teneurs en minéraux et oligo-éléments des légumes et des fruits sont globalement comparables selon le mode de production ». En outre, même si les teneurs sont parfois plus élevées pour certains nutriments ou minéraux, l’augmentation de leurs apports, rapportées à la consommation quotidienne des aliments en question, devient non significative.
L’impact des pesticides encore évalué
La différence reposerait plutôt sur l’innocuité de ces aliments compte tenu de l’absence de pesticides. Selon une étude menée en 1999, aucun résidu de pesticide n’est trouvé dans près de 94 % des produits biologiques. Les 6 % restants s’expliquent par des contaminations de voisinage. Par comparaison, environ 40 % des produits issus de l’agriculture conventionnelle en contiennent et 4 % à des doses supérieures aux limites autorisées. L’Afssa et l’observatoire des résidus de pesticides tentent progressivement de faire la lumière sur les risques de ces contaminants. Ils travaillent depuis 2006 à la hiérarchisation des pesticides à surveiller ainsi qu’à l’étude de l’exposition réelle à ces pesticides dans l’alimentation courante (légumes cuisinés, pizza, viande cuite…). En 2009, 22 substances ont déjà été classées comme cancérigènes ou perturbateurs du système endocrinien après des années d’utilisation. Mais leur retrait du marché est étalé jusqu’en 2018 sous réserve de trouver des alternatives. Et la proposition du Grenelle de l’environnement de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides en 10 ans est repoussée aux calanques grecques…
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