RÉDUIRE ses apports caloriques quotidiens en mangeant moins et/ou en augmentant son activité physique entraîne à court terme des modifications physiologiques bénéfiques. En à peine six mois, une diminution des apports énergétiques de 25 % conduirait, en effet, à la formation, au moins dans les cellules musculaires, de mitochondries plus nombreuses et plus efficaces, qui produisent moins de radicaux libres. A plus long terme, ce phénomène pourrait ralentir le vieillissement.
Les bénéfices de la restriction calorique sur l'espérance de vie et le délai d'apparition des effets du vieillissement ont été démontrés dans différents organismes tels que la levure, le nématode, la mouche drosophile ou encore la souris. Diverses données obtenues à partir de ces modèles d'étude ont suggéré que la réduction des apports caloriques ralentirait le vieillissement de l'organisme en diminuant la fréquence des dommages oxydatifs touchant les protéines, les lipides et l'ADN. Les radicaux libres à l'origine des lésions oxydatives délétères pour l'organisme étant principalement produits par les mitochondries (au cours des processus qui permettent de transformer les nutriments en énergie), il a été proposé que la restriction calorique agirait sur le vieillissement en freinant la production de ces radicaux et en induisant la formation de mitochondries plus « efficaces ».
Réduire l'apport énergétique journalier de 25 %.
Civitarese et coll. (Baton Rouge, Louisiane) ont voulu tester cette hypothèse chez l'humain. Dans cet objectif, ils ont recruté 36 hommes jeunes et en bonne santé, présentant cependant un surpoids (IMC moyen de 27,8). Ces volontaires ont été répartis en trois groupes. Pendant six mois, les sujets du groupe témoin ont reçu une alimentation couvrant 100 % de leurs besoins énergétiques. Ceux du groupe « RC » (pour « restriction calorique ») ont réduit leur apport énergétique journalier de 25 %. Ceux du dernier groupe (« RCEX » pour « restriction calorique + exercice) ont réduit leur apport calorique de 12,5 % et augmenté leur activité physique de manière à consommer 12,5 % de plus d'énergie que les sujets des autres groupes.
Au bout de six mois, les chercheurs ont observé que les dépenses énergétiques quotidiennes des sujets des groupes CR et CREX s'étaient abaissées et étaient devenues significativement inférieures à celles des sujets du groupe témoin (– 135 ± 42 kcal et – 117 ± 52 kcal, respectivement). Par ailleurs, il est apparu que la restriction calorique, seule ou associée à une augmentation de l'activité physique, conduit à une élévation du niveau d'expression des gènes codant pour des protéines impliquées dans les fonctions mitochondriales. En parallèle, le nombre de mitochondries contenues dans les cellules musculaires a augmenté.
L'ensemble de ces données indique donc qu'un déficit calorique permet, à court terme, de modifier le métabolisme énergétique en induisant la formation de mitochondries plus efficaces qui permettent à l'organisme d'utiliser moins de calories, et donc, vraisemblablement, de produire moins de radicaux libres, source de stress oxydatif. A long terme, il est théoriquement possible que ce mécanisme puisse avoir pour effet de ralentir le vieillissement et donc de prolonger la vie. Mais la courte durée de cette étude ne permet pas de tirer des conclusions sur l'effet à long terme de l'adoption d'un régime hypocalorique sur l'espérance de vie humaine.
A. Civitarese et coll., « PLoS Medicine », mars 2007.
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