Au début de 1997, le gouvernement d'Alain Juppé reçoit du ministère de l'Economie et des Finances, une note de conjoncture qui annonce un effondrement de la croissance et l'incapacité où la France va se trouver de respecter les directives récemment adoptées du traité de Maastricht.
Jacques Chirac cherche alors un moyen de circonvenir le malheur politique qui se dessine à l'horizon et, sur le conseil du Premier ministre et de Dominique de Villepin, décide de dissoudre l'Assemblée et de procéder à des élections législatives anticipées qui consacreront la défaite de la droite. Ont suivi, sous la bannière de la gauche, cinq années de croissance. Les Français reconnaissants ont évincé Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle de 2002. La droite dispose aujourd'hui de tous les pouvoirs. Mais entre-temps, l'économie s'est affaiblie, le taux de chômage augmente, de grandes entreprises, comme France-Télécom, licencient à tours de bras. Les prévisions de Francis Mer, 2,5 % de croissance en 2003, ne seront pas tenues, en tout cas personne n'y croit plus. Et s'il y avait un bon reproche à faire au nom de la France et de l'Europe à George W. Bush, c'est le marasme dans lequel il a plongé l'économie mondiale avec son projet de guerre contre l'Irak.
Ce mois de février 2003 ressemble beaucoup au printemps 1997 : un pouvoir politique fort disposant de la majorité absolue à l'Assemblée mais miné par une conjoncture économique exécrable. Et les acteurs sont presque les mêmes : M. Chirac est à la présidence, M. Juppé est dans l'ombre, mais tout puissant et M. de Villepin, utilisé comme missile anti-missile américain, n'est pas loin de l'Elysée. Cette fois, il n'est ni souhaitable ni même possible de dissoudre l'Assemblée. Pire : la crise économique est plus durable qu'en 1997, année où elle touchait à sa fin.
Mais dans six mois, dans un an, quand le chômage deviendra intolérable, quand les déficits s'accumuleront, il faudra bien appliquer le plan d'austérité que l'on décèle déjà dans diverses mesures d'économie destinées à limiter ou éliminer des dépenses sociales. Alors même que le gouvernement passe en force sur toutes les résistances, en appliquant l'article 49/3 pour la réforme des modes de scrutin, en tenant tête à l'Amérique et en organisant contre elle une coalition, en adoptant des réformes souvent nécessaires mais parfois dangereuses sur le plan social, le pouvoir est miné par la stagnation économique. Le bon sens populaire le sait déjà : 2003 est une très mauvaise année et, à moyen terme, le sort de cette majorité si puissante est bien incertain.
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