ALORS QUE la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vient d’annoncer la création d’un Observatoire national du suicide pour mieux comprendre ce phénomène qui fait chaque année plus de 10 000 morts dans le pays, l’association S.O.S Amitié présente de son côté des chiffres qui n’augurent d’aucune amélioration quant à la détresse psychologique dont souffrent de nombreux Français. Après une diminution entre 2007 et 2009, les statistiques compilées par l’Observatoire mis en place par l’association montrent ainsi que le pourcentage des appels évoquant le suicide (2 % soit plus de 10 600 appels annuels) reste constant depuis 4 ans.
Jean Pierre Igot, président de cette structure qui compte 1 500 bénévoles « écoutants », a également révélé que la très légère baisse du nombre d’appels reçus en 2012 (696 000) par rapport à l’année précédente était à mettre en perspective avec l’augmentation du temps moyen d’écoute (plus de 13 minutes), symptomatique « d’un alourdissement sensible du mal-être des appelants ». D’autant que si, faute de personnel en nombre suffisant, seul un quart des appels peut être pris en charge, 40 % d’entre eux continue d’émaner de nouveaux appelants.
Des appelants de plus en plus jeunes.
Une autre donnée d’importance recueillie par S.O.S Amitié concerne l’âge des appelants qui s’est abaissé par rapport à 2011. Alors que les 45/65 ans et les plus de 65 ans ont sensiblement moins recours à l’association (- 1,1 % chacun), les moins de 25 ans (+ 1,8 %) et ceux de 25/45 ans (+ 1,1 %) sont désormais plus nombreux à solliciter une écoute active afin de pouvoir évoquer leurs difficultés de vie. Un état de fait qui n’est pas sans lien avec la montée en puissance des échanges numériques proposés par S.O.S Amitié.
Toujours très marginaux par rapport aux appels téléphoniques, les échanges via la messagerie électronique (4 442) ou par dialogue-chat (3 108) sont pourtant en croissance constante en 2012. L’augmentation de 20 % des connexions au chat durant le premier semestre 2013 confirme d’ailleurs cette tendance. Jean Pierre Igot regrette d’ailleurs que les effectifs d’écoutants utilisant cette interface, pourtant passés de 50 à 100 personnes, « ne permettent pour l’heure de ne répondre qu’à seulement 7 % des appels par chat » pendant la période d’ouverture du service de 19h à 23h.
Le recours à ces nouveaux modes de conversation est, sans surprise, majoritairement plébiscité par les plus jeunes : près de 91 % des chateurs ont moins de 45 ans, dont 43,5 % moins de 25 ans. Interrogée sur les particularités de ce type d’échange dont les codes restent bien souvent l’apanage des adolescents, une bénévole de S.O.S amitié avoue n’éprouver aucune difficulté particulière : « Ces jeunes ont bien compris que les écoutants sont des adultes et cherchent d’ailleurs ce type de référents qu’ils ne trouvent pas forcément dans leur entourage proche. Ils échangent avec nous sans user d’abréviation ou d’émoticons et utilisent un langage adapté à leur interlocuteur : un langage adulte. Ce sont eux qui s’adaptent spontanément à nous et non le contraire ». Au sein de l’association, la prochaine étape qui consisterait à utiliser la technologie des SMS est d’ores et déjà à l’étude.
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