Une équipe de recherche britanniques a isolé et caractérisé un autoanticorps monoclonal humain qui agit comme un puissant stimulateur de la thyroïde. Cet anticorps se fixe avec une grande affinité au récepteur de la TSH (Thyroid Stimulating Hormone) et l'active. Par cette propriété, l'autoanticorps conduit au développement d'hyperthyroïdies telles que la maladie de Basedow.
Ce travail intervient plus quarante ans après que l'existence d'autoanticorps responsables de certaines formes d'hyperthyroïdie a été découverte. Depuis lors, malgré les effort de nombreux scientifiques, aucun anticorps auto-immun humain capable de stimuler l'activité du récepteur à la TSH (TSHR) n'avait pu être isolé et caractérisé au niveau moléculaire.
C'est à partir des lymphocytes d'un jeune homme de 19 ans souffrant d'une hyperthyroïdie causée par la maladie de Basedow que Sanders et coll. ont fini par obtenir un de ces fameux anticorps.
Les cellules lymphocytaires du malade synthétisaient une « activité » capable d'inhiber la fixation de la TSH sur son récepteur (R) ; donc, potentiellement, un anticorps possédant une grande affinité pour le TSHR. Sanders et coll. ont dilué la culture de lymphocytes de manière à isoler une colonie pure de cellules exprimant cette activité.
Inhiber la fixation de la TSH sur son récepteur
Ce travail de longue haleine a nécessité l'analyse de 16 500 sous-cultures. Il a conduit les chercheurs à isoler un clone de lymphocytes produisant, à une forte concentration, un anticorps IgG1. L'analyse des ARN messagers exprimés par le clone à permis de confirmer la nature monoclonale de cet anticorps.
L'IgG1 isolé, ainsi que son Fab (Fragment antibody binding), se fixent avec une forte affinité au TSHR et inhibent la fixation de la TSH sur le récepteur. De plus, ils semblent constituer de très puissants stimulants thyroïdiens, capables d'activer la production de l'AMP cyclique dans des cellules en culture exprimant le TSHR humain.
Maintenant qu'un autoanticorps agissant sur le TSHR a enfin pu être isolé, son interaction avec le récepteur va pouvoir être étudiée de manière précise. Il sera également possible d'établir par quel mécanisme sa fixation entraîne le développement de la maladie de Basedow.
L'ensemble de ces avancées devrait contribuer à la mise au point de nouveaux traitements pour les sujets atteints d'une hyperthyroïdie induite par une réaction auto-immune.
J. Sanders et coll., « The Lancet » du 12 juillet 2003, pp.126-128.
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