L e Katona Jozsef est déjà venu en France. Par exemple, il y a quelques années, la compagnie avait joué du Tchekhov au théâtre de l'Odéon. Et, on l'avait alors écrit, les acteurs avaient une telle sensibilité, une façon de jouer si profonde et si juste, qu'en cours de spectacle, on avait le sentiment de comprendre le hongrois...
C'est cette grande institution de Budapest qui revient aujourd'hui en France à l'occasion de cette saison hongroise organisée principalement par l'AFAA (Association française d'action artistique) et dont le commissaire est Bernard Faivre-d'Arcier, le patron du festival d'Avignon, très bon connaisseur du terrain grâce à « Theorem » qui aide les jeunes artistes des pays de l'Est à présenter leurs spectacles en France, en Italie, en Allemagne, etc.
Bien sûr, il y a une part diplomatique dans de telles opérations. Mais c'est la qualité qui prime en tout et nous aurons souvent l'occasion de vous reparler des artistes hongrois, notamment au moment d'Avignon.
Tout commence donc par un « Tartuffe » mis en scène par Gabor Zsambéki et interprété par une troupe dynamique. La compagnie ne dispose pas de moyens dispendieux et au regard des spectateurs habitués à des décors fastueux, cette production apparaîtra sans doute « pauvre ». Mais quelle leçon ! Tout est dans l'habileté d'une scénographie qui permet de jouer (un escalier, des panneaux qui coulissent) et tout l'effort porte sur l'interprétation.
« Tartuffe », c'est l'éternité des faux dévots, et c'est cela qui a intéressé le metteur en scène qui dirige avec fermeté et légèreté en même temps, une douzaine d'acteurs - treize en fait - de générations différentes (comme l'exige la pièce) mais qui ont en partage une même énergie, une même ironie. C'est cela qui est très frappant dans cette production : il y a une joie, une allégresse à jouer Molière qui touche, malgré l'obstacle de la langue. On connaît l'intrigue, bien sûr, et cela soutient l'attention mais on est surtout retenu par la force, par la joie. Ce côté délié des interprètes qui s'investissent totalement dans les personnages, des personnages qui ont des liens avec une certaine réalité hongroise d'aujourd'hui comme le souligne malicieusement le metteur en scène.
Pour « Ennemi public », un autre metteur en scène, le très intelligent et radical Arpad Shilling. Nous vous en reparlerons.
« Tartuffe », du 6 au 8 juin, à 20 h, « Ennemi public », du 12 au 16 juin à 20 h. (01.44.95.98.10).
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