DE NOTRE CORRESPONDANT
LES PARTICIPANTES ont été recrutées à partir de la Mayo Clinic Cohort Study of Ophorectomy and Aging, une cohorte de femmes ayant subi une ovariectomie unilatérale ou bilatérale (indications cancéreuses exclues) entre 1950 et 1987 (2). L'étude a inclus au total 2 327 femmes opérées (1 252 ovariectomies unilatérales, 1 075 ovariectomies bilatérales) et 2 368 contrôles. Toutes, originaires du Comté Olmsted (population essentiellement blanche et d'origine européenne), devaient, pour être incluses, être nées avant 1962 et avoir subi l'ablation du ou des ovaires avant la ménopause ou avant l'âge de 56 ans.
Risque indépendant de l'indication.
Le taux de risque (hazard ratio, HR) de parkinsonisme est de 1,68 (IC 95 % : 1,06-2,67 ; p = 0,03) chez les patientes ovariectomisées, par rapport aux femmes contrôles, et il est indépendant de l'indication de l'opération (kyste, endométriose, tumeur bénigne, syndrome inflammatoire, autres affections). Il est, en revanche, clairement influencé par l'âge auquel l'opération est réalisée : le HR non ajusté est de 2,55 (1,26-5,19 ; p = 0,01) quand l'ovariectomie est faite avant l'âge de 38 ans, alors qu'il est de 1,54 (0,90-2,63 ; p = 0,12) au-delà de 45 ans. Si l'on considère uniquement les ovariectomies unilatérales, le risque n'est significativement élevé que lorsque l'inter- vention a eu lieu avant l'âge de 42 ans. L'élévation de risque pour la maladie de Parkinson de manière spécifique, bien que réelle, n'est pas significative en raison du faible nombre de cas. Les HR non ajustés s'élèvent ainsi à 1,54 (0,86-2,77 ; p = 0,15) pour l'ensemble des ovariectomies, à 1,27 (0,61-2,63 ; p = 0,53) pour les seules interventions unilatérales, et 1,80 (0,93-3,45 ; p = 0,08) pour les ablations bilatérales.
La voie nigrostriée de manière spécifique ?
Les auteurs estiment que l'explication la plus vraisemblable de l'association mise en évidence par leur étude est l'effet neuroprotecteur de l'estrogène. Mais, étant donné le caractère hétérogène de l'entité clinique « parkinsonisme » (qui inclut diverses pathologies neurologiques), il n'est pas possible d'affirmer que l'effet protecteur de l'hormone concerne la voie nigrostriée de manière spécifique. Les autres hormones (progestérone et testostérone) dont la sécrétion est affectée par l'ovariectomie pourraient-elles jouer un rôle dans l'effet observé ? Il n'existe, à l'heure actuelle, aucune donnée expérimentale en faveur d'une telle hypothèse.
L'élévation du risque de parkinsonisme était indépendante de l'indication de l'ovariectomie, ce qui suggère que l'affection sous-jacente n'a pas eu d'effet confondant sur le risque de parkinsonisme. L'hystérectomie, faite dans près de 70 % des ablations unilatérales, pourrait contribuer à l'insuffisance ovarienne par réduction de l'irrigation sanguine de l'ovaire laissé en place. Le fait que le HR était plus important en cas d'hystérectomie associée (par rapport aux ovariectomies unilatérales simples) semble le suggérer, même si l'écart de risque n'était pas significatif.
Les résultats du travail épidémiologique de la Mayo Clinic éveillent sans aucun doute un regain d'intérêt pour la théorie du rôle neuroprotecteur de l'estrogène. L'intérêt d'un très long suivi est toutefois contrebalancé par certains biais (biais de surveillance, biais liés à l'évolution des techniques chirurgicales, représentativité réduite de l'échantillon de population). Ces premiers arguments cliniques doivent donc être confirmés par des études plus vastes.
(1) Rocca WA , Bower JH, Maraganore DM, Ahlskog JE, Grossardt BR, de Andrade M, Melton III LJ. Increased risk of parkinsonism in women who underwent oophorectomy before menopause. Publié en ligne dans « Neurology » le 29 août 2007.
(2) Dans la majorité des cas (65,2 % des ovariectomies unilatérales, 94,5 % des bilatérales), une hystérectomie était associée.
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