LE PREMIER – et unique – écrivain arabe à avoir obtenu le prix Nobel de littérature, en 1988, l’Egyptien Naguib Mahfouz, est décédé à l’âge de 94 ans. Il s’est éteint au Caire, la ville qui a si souvent servi de cadre à son oeuvre – riche d’une cinquantaine de romans et de nouvelles – car la capitale et ses quartiers étaient pour lui non seulement une métaphore de l’Egypte, mais de l’humanité tout entière, avec ses passions, ses vices, ses certitudes, tout autant que ses doutes, politiques ou religieux.
Issu de la petite bourgeoisie, Naguib Mahfouz s’est progressivement adonné à l’écriture tout en exerçant un métier de fonctionnaire. Il n’a été reconnu qu’à la fin des années cinquante après la parution d’un imposant triptyque – « Impasse des deux palais », « Palais du désir », « le Sucrier » – dans lequel il décrit les espoirs et les désillusions politiques d’une famille bourgeoise cairote sur trois générations entre 1917 et 1944. En 1959, son chef-d’oeuvre, « les Enfants de la médina », est interdit en Egypte parce que jugé « blasphématoire » ; dans ce roman parabole, Dieu est symbolisé par un patriarche régentant ses descendants, les prophètes des trois religions monothéistes, tandis qu’un quatrième personnage semble annoncer la mort du divin.
Celui qui disait : «Je suis du côté de la connaissance, seule voie de salut dans cet océan houleux d’ignorance dans lequel nous sommes appelés à vivre», a été l’un des rares intellectuels égyptiens et arabes à avoir approuvé les accords de paix entre l’Egypte et Israël en 1979, tout en se déclarant totalement solidaire des Palestiniens. Ce qui a conduit au boycott de son oeuvre par plusieurs pays arabes. Apôtre de la tolérance, partisan d’un islam modéré, Naguib Mahfouz avait survécu à une tentative d’assassinat d’un intégriste en 1994 ; paralysé de la main droite, il devait depuis dicter ses textes.
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