L’AMPLEUR DE LA grippe pédiatrique est inconnue du grand public et sous-estimée par les médecins. Pourtant, un enfant sur trois est touché en période d’épidémie contre un adulte sur dix. Les enfants sont à la fois des cibles privilégiées et d’efficaces disséminateurs : ils s’infectent plus facilement, produisent de grandes quantités de virus pendant plus longtemps. Le risque de contamination est doublé dans les familles ayant des enfants scolarisés.
Si l’évolution est généralement favorable, l’impact de la grippe pédiatrique est loin d’être négligeable et motif de nombreuses hospitalisations. Les complications sont fréquentes : otite moyenne aiguë (40 % des grippes chez l’enfant de moins de 3 ans), atteinte pulmonaire (la moitié des nourrissons hospitalisés), convulsions (20 % des enfants de moins de 5 ans hospitalisés), décompensation des maladies sous-jacentes (asthme, mucoviscidose, immunodépression, corticothérapie au long cours, c’est-à-dire au-delà de quinze jours...). Environ 80 décès par an d’enfants de moins de 14 ans sont associés à la grippe.
Le diagnostic n’est pas toujours aisé ; il devrait être facilement évoqué en période épidémique avec, notamment dans les services d’urgence, la pratique d’un test de diagnostic rapide (lecture en dix minutes) peu pratiqué actuellement en raison d’une diffusion restreinte liée au coût (non remboursé). Ces tests très spécifiques sont pourtant plus sensibles (titres plus élevés) chez l’enfant.
Des signes souvent atypiques.
Avant l’âge de 1 an, l’infection grippale est asymptomatique ou discrète dans la moitié des cas, mais peut être aussi sévère, difficile à distinguer de la bronchiolite à VRS. Avant l’âge de 5 ans, le diagnostic de grippe n’est porté selon une enquête nord-américaine que dans un quart des cas des patients hospitalisés et par 17 % des consultants. Les signes cliniques sont souvent atypiques, non respiratoires : somnolence, troubles gastro-intestinaux (diagnostic différentiel difficile avec l’infection à rotavirus). Dans cette tranche d’âge, il faut aussi évoquer une possible gastro-entérite ou méningite bactérienne... Après 5 ans, les symptômes sont proches de ceux de l’adulte. On retiendra que le traitement symptomatique pour faire baisser une fièvre grippale ne doit pas comporter d’aspirine.
La vaccination est recommandée pour les enfants à risque, comme pour les adultes, avec une mention particulière pour : asthme, thalassémie, mucoviscidose. Elle est en progression, mais une minorité en bénéficie : 5 % des enfants en bonne santé, 19 % des asthmatiques (saison grippale 2004-2005). Le calendrier vaccinal est très chargé jusqu’à l’âge de 18 mois, l’efficacité est moyenne (immaturité immunitaire) ; au mieux, la moitié des enfants à risque sont vaccinés.
Une forme pédiatrique orale d’oseltamivir.
Il existe des antiviraux spécifiques du virus grippal qui ciblent la neuraminidase, structure stable du virus, dont l’inactivation empêche la propagation du virus. Ces traitements qui sont donc actifs sur tous les types de virus grippaux humains connus doivent être administrés impérativement de façon précoce, dans les quarante-huit heures qui suivent le contact avec un sujet atteint (prophylaxie) ou quarante-huit heures après le début des symptômes (curatif).
Un antiviral oral de ce type (oseltamivir : Tamiflu avec une forme pédiatrique orale suspension buvable, arôme tutti frutti) est indiqué dès l’âge de 1 an dans le traitement et la prophylaxie, de la grippe. En traitement curatif, il permet de réduire la survenue d’OMA ; en prophylaxie il réduit l’incidence de la grippe symptomatique.
Tamiflu est remboursé à 35 % dans certains cas :
– traitement curatif chez les sujets à risque (9 ALD répertoriées) de plus de 1 an séjournant en collectivité et ayant des symptômes typiques en période de circulation du virus ;
– traitement prophylactique après contact avec un sujet ayant une grippe cliniquement diagnostiquée en période de circulation du virus chez les sujets à risque de plus de 13 ans :
• sujets vivant en collectivité ;
• sujets ayant une contre-indication à la vaccination ;
• les immunodéprimés.
Pour les cas de non-remboursement, le médecin inscrit la mention NR.
Paris, conférence de presse organisée par le Laboratoire Roche, avec le Pr C. Hannoun (professeur honoraire, Institut Pasteur) et le Dr R. Cohen (pédiatre, Créteil) et C. Piel (directrice de crèche, Paris).
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