TRAITER les enfants de 6 mois à 10 ans souffrant de gastro-entérite, accompagnée d’une déshydratation légère à modérée, par une prise d’ondansétron (Zophren) par voie orale, permet de réduire le nombre des vomissements et facilite la réhydratation orale dans les services d’urgence.
Différents traitements antiémétiques sont prescrits dans les services d’urgence pédiatrique. Or ces médicaments peuvent être à l’origine d’effets indésirables (vertiges, dystonies et dépression respiratoire) ou n’ont pas été évalué.
Des pédiatres nord-américains et canadiens ont proposé de tester chez des enfants atteints de gastro-entérite et présentant une déshydratation légère à modérée un antiémétique déjà utilisé chez l’adulte, en particulier en prévention des vomissements postchimiothérapie, l’ondansétron. Ce traitement est disponible par voie intraveineuse et par voie orale sous la forme de comprimés dispersibles.
Agés de 6 mois à 10 ans.
L’équipe du Dr Stephen Freedman a choisi de n’inclure dans l’étude que des enfants âgés de 6 mois à 10 ans présentant une forme peu importante de déshydratation. Pour évaluer cette donnée, les auteurs ont choisi de ne pas utiliser l’échelle OMS, mais de calculer un score à partir de données telles que l’aspect de la peau au toucher, l’existence de larmes, l’évaluation de la présence d’un pli cutané, l’humidité de la muqueuse buccale, le pouls, la diurèse et l’état neurologique. Ils n’ont inclus dans l’étude que des enfants dont le score correspondait à un état de déshydratation légère à modérée. Au total, 215 enfants sur 3 067 passés par les urgences pour une gastro-entérite aiguë ont été retenus pour participer à l’étude. Ils ont reçu, soit une dose orale d’ondansétron adaptée à leur poids, soit un placebo. Puis ils ont été réhydratés par voie orale avec une solution hydro-électrolytique pendant une heure.
Quantité de soluté de réhydratation plus importante.
«Par rapport aux enfants qui recevaient un placebo, ceux traités par ondansétron avaient moins tendance à vomir (14 contre 35 %) . En moyenne, les enfants ne vomissaient que 0,18fois contre 0,65fois, et la quantité de soluté de réhydratation qu’ils ont pu absorber en une heure était plus importante (239 contre 169 ml) . De ce fait, seulement 14% des enfants du groupe ondansétron ont dû être traités par réhydratation parentérale contre 31% du groupe témoin. La durée de séjour aux urgences était réduite de 12% dans le groupe ondansétron par rapport au groupe témoin. En revanche, aucune différence n’a été notée quant aux journées d’hospitalisation en service de pédiatrie ou à la nécessité de nouvelle consultation (19 contre 22 %) .» La plupart des enfants des deux groupes qui ont été admis une deuxième fois au service des urgences ont reçu un traitement réhydratant par voie intraveineuse.
«Traiter 5enfants par ondansétron permet de prévenir les vomissements chez un enfant, et traiter 6enfants permet d’éviter le recours à la réhydratation entérale pour un enfant», analysent les auteurs. «L’une des limites de cette étude vient du fait qu’aucune coprologie n’a été effectuée et, dans ces conditions, on ne sait pas le degré d’activité du traitement sur les gastro-entérites virales ou bactériennes. »
« New England Journal of Medicine » vol. 354 ; 6, pp. 1698-1705, 20 avril 2006.
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