L'omalizumab, un anticorps monoclonal humanisé, administré par voie sous-cutanée, a fait la preuve de son efficacité dans la prise en charge des asthmes sévères mal contrôlés par les traitements standards. Il améliore la symptomatologie, réduit la consommation de corticoïdes inhalés, diminue la fréquence des crises et les hospitalisations. Ce médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis en juin dernier.
Une étude ouverte présentée dans le cadre du congrès confirme son intérêt dans la prise en charge des asthmes allergiques modérés à sévères persistants et montre que son efficacité est d'autant plus importante que l'asthme est sévère.
Trois cent onze patients âgés de plus de 12 ans y ont participé. A l'inclusion, 77,7 % d'entre eux suivaient un traitement antiasthmatique classique, dont 17,9 % comportant un corticoïde per os. Chez les patients bénéficiant déjà du traitement par omalizumab, 78 % prenaient des bêta 2-mimétiques de longue durée d'action et 22,8 % avaient aussi un corticoïde oral.
Les participants ont été randomisés en deux groupes : traitement classique ou traitement classique plus omalizumab. L'anticorps monoclonal leur a été administré par voie sous-cutanée à la dose de 0,016 mg/kg 1 fois par mois pendant 12 mois. Le taux d'exacerbation a été de 2,25 par patient-année dans le premier groupe, contre 0,89 épisodes par patient-année dans le second, soit une diminution de 60 % des épisodes aigus sous l'effet de l'anticorps monoclonal. L'impact du traitement par anti-IgE est apparu encore plus sensible chez les patients présentant les formes les plus sévères.
Une autre étude, en double aveugle contre placebo, réalisée au Royaume-Uni auprès de 41 patients présentant un asthme allergique modéré, a en outre mis en évidence l'effet anti-inflammatoire de ce produit. Ces patients, sous bronchodilatateurs uniquement, ont reçu soit l'omalizumab, soit un placebo, pendant 16 semaines. Ils ont eu avant et après traitement une bronchoscopie avec biopsie endobronchiale. Chez les sujets sous anticorps monoclonal, les auteurs ont observé une baisse significative du taux moyen d'éosinophiles dans les crachats, ainsi qu'une diminution des éosinophiles B, des cellules FcERI+, des IgE, des CD3, des CD4 et des CD8, enfin une réduction de l'IL4 à la biopsie. Pour les experts britanniques, ces résultats suggèrent que l'efficacité clinique de l'omalizumab peut être, au moins en partie, attribuée à son action anti-inflammatoire.
Le bénéfice de ce traitement pourrait, chez les patients qui souffrent à la fois de rhinite allergique et d'asthme (situation extrêmement fréquente), se faire également sentir sur les symptômes respiratoires hauts. C'est ce que montre un travail multicentrique portant sur 405 patients ayant un asthme modéré ou sévère associé à une rhinite perannuelle allergique. Outre une baisse des épisodes d'exacerbation, ces patients ont vu leur qualité de vie s'améliorer significativement et leur rhinite s'amender.
En collaboration avec le Pr Jean Bousquet
L'omalizumab devrait être prochainement disponible en Europe pour la prise en charge des asthmes très sévères non contrôlés par les bêta 2-mimétiques inhalés.
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