L’ÉTUDE histologique du derme de patients atteints de psoriasis sévère a permis de détecter des infiltrats lymphocytaires exprimant des cytokines de type 1. Partant de cette donnée, une équipe de dermatologues américains a mis en place une étude en double aveugle contre placebo sur 320 patients souffrant de forme modérée à sévère de psoriasis et qui ont reçu du placebo ou un anticorps monoclonal IL12-23 à différentes doses (soit une dose unique de 45 ou 90 mg, soit une dose hebdomadaire de 45 ou 90 mg pendant quatre semaines) dans l’objectif de préciser l’effet de ce type de traitement.
Douze semaines après l’enrôlement, 52 % des patients qui avaient reçu la dose de 45 mg ont vu leur index de taille et la sévérité du psoriasis s’améliorer d’au moins 75 % ; ils étaient 59 % dans le groupe 90 mg, 67 % dans le groupe 45 mg pendant quatre semaines et 81 % dans celui qui avait reçu 90 mg par semaine pendant quatre semaines. Parmi les sujets témoins, seulement 2 % rapportaient une telle amélioration. Pour le critère amélioration d’au moins 90 % de l’index de sévérité, ils étaient respectivement 23, 30, 44 et 52 %, contre 2 % dans le groupe placebo.
A la 20e semaine de l’étude, 79 % des sujets traités activement et 72 % de ceux qui recevaient du placebo se sont plaints d’effets indésirables : infection du tractus respiratoire haut, céphalées, douleurs, sinusite, prurit, myalgies, asthénie, purpura, infection urinaire, douleurs lombaires. Mais seulement 4 % des sujets ont dû cesser le traitement en raison d’effets secondaires considérés comme sérieux (maladie cardio-vasculaire ,principalement).
La sous-unité p40, commune.
Pour les auteurs, cette étude confirme des données préliminaires déjà publiées et qui suggèrent que le psoriasis pourrait, du moins en partie, être d’origine immunitaire. La proportion particulièrement élevée de patients répondant au traitement par anticorps monoclonaux interleukine 12-23 et l’implication de la sous-unité p40 – commune aux deux types d’interleukine – chez les répondeurs laissent à penser que les cytokines pourraient être des acteurs majeurs de la physiopathologie de cette affection. Produite par des cellules présentatrices d’antigènes, telles que les cellules de Langerhans de la peau, l’interleukine 12 active les cellules T CD4+ et les cellules Natural Killer, induisant ainsi l’expression de cytokines de type 1, telles que l’interféron gamma ou le TNF alpha qui représentent des éléments essentiels du développement des lésions cutanées du psoriasis.
Pour sa part, l’interleukine 23 active des cellules T spécifiques qui expriment l’interleukine 17 et qui majorent l’expression de la NO synthase au sein des kératinocytes. L’influence relative des deux types d’interleukine – 12 et 23 – dans la physiopathologie du psoriasis n’est pas encore parfaitement connue, mais il est indéniable qu’elles jouent un rôle clé dans cette pathologie.
Enfin, les auteurs concluent que cette étude n’avait pas pour objet d’évaluer l’efficacité et la sécurité à long terme de l’utilisation de ce type d’anticorps, et qu’un travail complémentaire est nécessaire afin de vérifier si l’effet thérapeutique se maintient à long terme et si l’utilisation du traitement ne s’accompagne pas de l’apparition d’effets indésirables graves.
« New England Journal of Medicine », vol. 356, 8 février 2007. 6, pp. 580-590,
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