« L'ADMINISTRATION passive d'un anticorps monoclonal humain neutralisant, indiquent les auteurs, permettrait de disposer d'une stratégie immédiate de traitement pour la prophylaxie d'urgence. Ce qui laisserait du temps pour le développement de vaccins et de traitements qui est en cours de réalisation et demande davantage de temps. »
Cet anticorps efficace a été trouvé par des chercheurs américains dans les six mois qui ont suivi la découverte du virus du sras.
Le travail collaboratif de Jianhua Sui, Wayne Marasco et coll. a tout d'abord permis d'identifier, à partir de deux bibliothèques d'anticorps humains, un anticorps 80R correspondant à une protéine de surface S1 (« spike protein ») du coronavirus responsable du sras.
Ils ont ensuite montré que cet anticorps monoclonal anti-S1, a le potentiel d'empêcher la liaison du virus à des cellules mises en culture. Et que, de ce fait, il inhibe l'infection de ces cellules ainsi que la formation de syncytia.
La protéine S1 est un élément qui forme un sorte de spicule à la surface du virus, et que l'on sait être essentielle à l'infectivité de la cellule hôte.
Le protocole utilisé a consisté à recouvrir l'intérieur de tubes à essai de protéine S1, puis à verser des solutions qui contiennent un mélange des anticorps provenant de la « collection Marasco », l'une des plus importantes bibliothèques d'anticorps humains non auto-immuns.
Dans ce vaste échantillonnage, ils ont sélectionné huit anticorps qui reconnaissent et se lient à S1 et sont, de ce fait, susceptibles d'interférer avec le processus infectieux. L'anticorps 80R s'est révélé, parmi les huit présélectionnés, posséder un pouvoir de blocage de l'entrée du virus par une haute affinité pour le domaine de fixation du récepteur protéique S1.
« L'approche utilisée dans notre recherche a ceci de remarquable qu'un anticorps neutralisant de haute affinité contre un pathogène émergent a été facilement sélectionné dans une bibliothèque d'anticorps humains non immuns », soulignent les chercheurs.
Ces données in vitro sont suffisamment suggestives pour que les recherches sur l'anticorps monoclonal 80R continuent, afin que soit évaluée son utilité clinique in vivo.
Des expérimentations sont en train d'être menées sur des modèles animaux de sras, à propos desquels les chercheurs déclarent d'ores et déjà qu'elles « paraissent prometteuses ».
Des discussions préliminaires sur de futures études chez l'homme sont en cours.
Par ailleurs, ces données suggèrent que S1 pourrait représenter une protéine intéressante à cibler pour un vaccin ou un traitement.
« Proc Natl Acad Sci », édition en ligne avancée.
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