Selon des chercheurs du Cedars-Sinaï Hospital à Los Angeles, un antibiotique oral peu absorbé et à spectre large est efficace dans la colopathie fonctionnelle sans constipation. La rifaximine, un dérivé de la rifamycine ciblant le système digestif, a significativement amélioré les symptômes du syndrome du côlon irritable jusqu’à 10 semaines, après une cure courte de 15 jours. Ces résultats étonnants bousculent ce qu’on savait de la physiopathologie de la colopathie fonctionnelle, en faisant marquer des points à l’hypothèse d’un déséquilibre de la flore intestinale.
À l’origine de ces résultats, l’équipe dirigée par le Pr William Forbes a mené en parallèle deux études identiques de phase 3, Target 1 et Target 2, ayant inclus au départ 1 260 patients ayant une colopathie fonctionnelle sans constipation avec coloscopie dans les deux ans précédents. Les patients étaient randomisés en deux groupes, placebo ou rifaximine à la dose de 550 mg 3 fois par jour pendant 2 semaines. Chaque semaine, il était demandé aux patients d’évaluer la symptomatologie en répondant par oui ou non à la question suivante : « compte-tenu de l’ensemble de vos symptômes de colopathie fonctionnelle, et par rapport à votre état avant de commencer le traitement, vous sentez-vous suffisamment soulagé ? ».
Dans les 4 premières semaines après rifaximine, le groupe traité était significativement amélioré, avec 40,7 % versus 31,7% pour le placebo, Target 1 et Target 2 confondus. La survenue d’effets secondaires était comparable dans les deux groupes, avec pour les événements graves, 10 patients dans le groupe rifaximine (1,6 %) et 15 dans le groupe placebo (2,4 %). Aucun cas de colite pseudo-membraneuse n’a été rapporté.
L’efficacité de la rifaximine est très certainement due à ses propriétés antibiotiques, comme l’a démontré une étude précédente à l’aide d’un test respiratoire à l’hydrogène après ingestion de lactulose. Les auteurs avancent trois explications raisonnables : la molécule cible les bactéries intestinales et leurs produits délétères ; la diminution de la flore intestinale améliore les défenses immunitaires de l’hôte ; la rifaximine agit à ces deux niveaux.
« N Engl J Med 2011 »; 364:22-32
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