LE SYNDROME d'hyperéosinophilie forme un groupe de maladies dont le dénominateur commun est une éosinophilie persistante, supérieure à 1 500 cellules par millilitre, sans cause identifiable (telle que la présence de parasites ou une allergie). Ce syndrome appartient aux maladies orphelines. Il existe une atteinte des organes cibles (fibrose endocardique, parfois atteintes nerveuses et digestives) et des événements thromboemboliques.
Pour prévenir ces dégâts, le traitement consiste à donner une corticothérapie, traitement non dénué d'effets secondaires.
Le développement des éosinophiles à partir des progéniteurs hématopoïétiques est régulé par l'interleukine 5, qui agit sur la maturation, la différenciation, la mobilisation, l'activation et la survie des éosinophiles.
L'inhibition de l'IL5 est une voie de traitement logique.
Un anticorps monoclonal humanisé.
Le mépolizumab est un anticorps monoclonal humanisé, anti-IL5, qui se lie à l'IL5 libre et empêche la liaison avec son récepteur.
Lors d'études préliminaires dans le cadre de l'atopie et chez des volontaires sains, ce produit a réduit les éosinophiles sanguins.
Dans le « New England Journal of Medicine » est présenté un travail collaboratif international, auquel ont participé des Français (J. E. Kahn et O. Blétry, hôpital Foch, Suresnes, et P.-Y. Hatron, hôpital Claude-Huriez, Lille), sous la forme d'une étude randomisée en double aveugle contrôlée contre placebo, pour évaluer la sécurité et l'efficacité du mépolizumab dans le syndrome hyperéosinophilique.
Dans une forme de ce syndrome (les patients positifs pour le gène de fusion FIP1L1-PDGFRA), le traitement indiqué est l'imatinib ; les patients de cette catégorie n'ont donc pas été retenus.
Pas d'augmentation de l'activité clinique de la maladie.
Le mépolizumab a été donné à ceux qui étaient traités par des doses de 20 à 60 mg de prednisone pour maintenir un état clinique stable et une éosinophile inférieure à 1 000/ml.
Les patients ont reçu du mépolizumab (n = 43) ou un placebo (n = 42), alors que la prednisone était diminuée progressivement.
«Notre étude montre qu'un traitement par le mépolizumab (…) peut permettre une économie de corticoïdes», concluent Marc Rothenberg et coll.
Le critère principal de l'étude, qui est une réduction de la prednisone à une dose inférieure à 10 mg/j pendant au moins huit semaines, a été atteint chez 84 % des patients du groupe traité et 43 % du groupe placebo (RR 2,9, p < 0,001). Environ 50 % des patients ont pu être totalement sevrés de corticoïdes. Il n'y a pas d'augmentation de l'activité clinique de la maladie.
Une éosinophilie inférieure à 600/ml pendant huit semaines consécutive a été atteinte chez 95 % des patients du groupe mépolizumab et 45 % de ceux sous placebo (RR : 3,53, p < 0,001).
Des effets secondaires sévères sont survenus chez 7 patients sous mépolizumab (14 événements, y compris un décès, pour une exposition moyenne de 6,7 mois) et chez 5 de ceux sous placebo (7 événements, pour une durée d'exposition de 4,3 mois).
Ce traitement pourrait représenter une avancée. Mais il reste un certain nombre de questions à résoudre : la dose, la durée, les effets à long terme, etc., souligne un éditorialiste de Boston, Michael Wechsler.
« New England Journal of Medicine », 358 ; 12, 20 mars 2008, pp. 1215-1228, et éditorial 1293-1294.
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