UNE PROTÉINE naturellement produite par l'organisme semble posséder des propriétés analgésiques bien plus puissantes que la morphine. Elle agit en convertissant les messagers chimiques de la douleur en molécules qui vont la supprimer. La caractérisation des mécanismes d'action de cette protéine pourraient conduire à de nouvelles stratégies de prise en charge des algies chroniques.
Les chercheurs qui étudient les mécanismes de la douleur utilisent depuis près de 50 ans une protéine « marqueur » pour repérer les neurones impliqués dans la transmission du phénomène. Dans le système nerveux central, l'expression de cette protéine est associée à la sensation douloureuse, mais personne n'avait jamais réussi à identifier sa fonction exacte, ni même le gène qui la code.
Pirkko Vihko et coll. (université d'Helsinki, Finlande) ont finalement résolu cette énigme, presque par hasard. Les chercheurs s'intéressaient à la protéine PAP, phosphatase acide prostatique, une protéine dont le niveau plasmatique s'élève chez les patients atteints d'un cancer de la prostate métastasé. L'équipe a produit une lignée de souris génétiquement modifiées pour ne plus exprimer le gène codant pour PAP.
Il est apparu que ces animaux étaient sensibles à la douleur, en particulier aux douleurs chroniques de type inflammatoire ou neuropathique. Mais cette hyparalgie était durablement supprimée par une injection intrarachidienne de PAP, huit fois plus durablement qu'après une injection de morphine. Des similitudes structurales entre PAP et le marqueur des neurones de la douleur ayant déjà été décrites, Vihko et coll. ont analysé le système nerveux central des animaux. C'est ainsi qu'ils ont découvert que la protéine PAP et le marqueur des neurones de la douleur ne faisaient qu'un ! Ils ne se sont pas arrêtés là. Ils ont pu démontrer que la protéine exerce son activité analgésique en dégradant les neurotransmetteurs de la douleur en molécules qui l'inhibent.
> ÉLODIE BIETM J Zylka et coll., « Neuron » du 9 octobre 2008, vol. 60, pp. 111-122.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature