Théâtre
UN TEXTE qui peut étonner aujourd'hui. Que l'on peut ne pas comprendre complètement si l'on est trop cartésien. La fantaisie, les visions d'Eugène Ionesco sont parfois déconcertantes. Ici, tout est clair, évident. Tout nous parle. Directement. Emmanuel Demarcy-Mota avait déjà choisi Ionesco alors qu'il n'avait encore que 18 ans et avait créé sa compagnie des « Mille fontaines ». A l'époque, nombreux étaient les hommes de théâtre qui estimaient que le théâtre de l'Absurde était derrière eux...
Or, avec cette revivification du chef-d'œuvre qui avait été écrit en 1957 et créé en France en 1960 par Jean-Louis Barrault, l'ardent trentenaire qu'est Emmanuel Demarcy-Mota et son équipe artistique, nous démontrent que « Rhinocéros » est une fable qui nous parle profondément tout en nous faisant rire.
Le rhinocéros est la figure de la brutalité des régimes totalitaires que Ionesco avait pu mesurer en Roumanie. Il pensait, bien sûr, au nazisme - et la pièce fut très tôt jouée en Allemagne - et au régime soviétique. La transformation à la manière de Kafka, la tentation des faibles, tout cela nous renvoie aujourd'hui à d'autres scènes de l'histoire. Mais la fable fonctionne et la manière dont Emmanuel Demarcy-Mota et son équipe s'en emparent est aussi tonique que belle, drôle, terrible.
Un travail de scénographie et de lumière (Yves Collet), une musique jouée en direct (Jefferson Lembeye), une virtuosité des corps (Marion Lévy), tout ici concourt à la fluidité du jeu. Quinze comédiens ligués pour le meilleur et dont on retiendra un Hugues Quester à métamorphoses en Jean, une Valérie Dashwood fine Daisy, un merveilleux Serge Maggiani dans le rôle de Bérenger, le double de Ionesco...Et puis citons également le sensible logicien de Philippe Demarle ou encore l'épatante Sarah Karbasnikoff en Madame Bœuf... Et puis, évidemment, le mouvement scénique, l'intelligence profonde du texte, les dons d'Emmanuel Demarcy-Mota...
Théâtre de la Ville, à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche 3 octobre à 15h00. (01.42.74.22.77).Durée : 2 h. Jusqu'au 8 octobre. Puis en tournée. Et n'oubliez pas « Le Roi se meurt » avec Michel Bouquet à Hébertot (Quotidien Spectacles, 01.55.35.35.25).
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