«LE DÉVELOPPEMENT de la téléradiologie est important à travers le monde du fait de la facilité de la transmission des images», note le Pr Rahmouni.
Partie intégrante de la télémédecine, elle est devenue quotidienne dans certains pays. La téléradiologie recouvre deux types de situations différentes : d'une part, le télédiagnostic qui permet à un médecin de proximité non radiologue d'obtenir un examen d'imagerie d'un téléradiologue et, d'autre part, la téléexpertise qui permet à un radiologue de proximité de faire appel à un téléradiologue « expert ». Cette seconde situation nécessite le recours à un téléradiologue ayant un niveau d'expertise plus élevé que le praticien au contact du patient et dont le rôle est d'aider ce dernier à décider de l'examen complémentaire le plus adapté à la situation clinique et/ou d'effectuer une seconde lecture des images pour optimiser l'interprétation.
Outre la possibilité d'obtenir rapidement un avis spécialisé, la téléradiologie peut apporter une réponse aux astreintes dans les régions comportant peu de radiologues. En tant qu'acte médical, la téléradiologie doit être strictement encadrée par les règles de déontologie. «Elle ne peut se concevoir qu'avec des exigences de qualité globale, technique et médicale, sans méconnaître non plus la nécessité d'optimiser le rapport coût/efficacité des soins, ainsi que l'offre et l'accessibilité sanitaire sur tout le territoire pour les patients», précisent encore les auteurs du Guide pour le bon usage professionnel et déontologique de la téléradiologie.
Éviter les dérives.
Ce document, qui a été élaboré par le G4** et le CNOM, «vise à empêcher les dérives potentielles nuisant à la qualité de la prise en charge des malades, explique le Pr Rahmouni. Il a un rôle pédagogique important et a été validé par plusieurs sociétés savantes dont la Société française de médecine d'urgence». La France rejoint ainsi d'autres pays comme les États-Unis, l'Australie, l'Italie ou la Grande-Bretagne, où des recommandations de ce type sont déjà disponibles. Ces recommandations rejoignent aussi celles de la Société européenne de radiologie regroupant toutes les sociétés savantes radiologiques européennes.
La diffusion des recommandations françaises constitue une réponse à l'inquiétude de la profession et des pouvoirs publics face à l'éventualité d'un développement « sauvage » de la téléradiologie. Dans ces circonstances, en effet, alors qu'ils devraient en tirer un bénéfice immédiat, les patients seraient exposés à des risques non négligeables.
Comme l'a expliqué la Société française de radiologie (SFR) à la suite de « la présentation avenante médiatique » de la télétransmission d'images vers l'Inde, ces risques sont liés, entre autres, aux erreurs d'interprétation induites par une information initiale erronée sur la symptomatologie présentée par le patient et au non-respect des réglementations en vigueur concernant les conditions techniques et de radioprotection, ainsi qu'à une absence de prise en compte de l'organisation médicale radiologique sur le site effecteur : validation de la demande, organisation radiologique médicale et paramédicale. La SFR a également évoqué l'impact négatif potentiel du manque de formalisation des procédures résultant de l'absence de tout contact entre le téléradiologue et les équipes médicales et paramédicales du site émetteur, et de l'impossibilité de vérifier la compétence du téléradiologue. La responsabilité médicale radiologique est celle du téléradiologue incluant l'ensemble de l'organisation (excepté la sécurité du malade pendant la réalisation de l'acte qui est celle du médecin de proximité demandeur). Un autre risque ne doit pas être négligé dans le cadre d'une pratique transfrontalière, celui d'une mauvaise compréhension de la langue du demandeur par un téléradiologue étranger et réciproquement.
La responsabilité du radiologue.
La téléradiologie engage la responsabilité à la fois du praticien demandeur, chargé de la réalisation de l'indispensable examen clinique préalable, et du médecin radiologue qui, comme le recommandent les experts, doit veiller au bien-fondé de l'indication et de la qualité de l'examen et de son interprétation. «Elle ne doit pas se résumer à la transmission d'images et au compte rendu», selon le Pr Rahmouni. La téléradiologie requiert une organisation rigoureuse avec des règles formalisées par des protocoles rédigés par des radiologues. «Ces protocoles doivent être communiqués aux agences régionales hospitalisation (ARH) concernées par le site demandeur pour avis de leur comité régional d'imagerie et diffusés auprès de tous les professionnels concernés», recommande le G4. Enfin, à l'instar de tous les autres actes médicaux, la téléradiologie doit faire l'objet d'une formation et d'une évaluation des pratiques. «C'est dans ce cadre que l'ensemble de la profession souhaite que la téléradiologie se développe dans notre pays dans l'intérêt du malade»,conclut le Pr Rahmouni.
* Service d'imagerie médicale, hôpital Henri-Mondor, Créteil.
** Le G4 est constitué du Collège des enseignants en radiologie de France (CERF), de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), de la Société française de radiologie (SFR) et du syndicat des radiologues hospitaliers (SRH). Le guide est téléchargeable sur le site de la SFR (http://www.sfrnet.org).
NDLR : une session consacrée aux expériences de téléradiologie et aux recommandations en France et dans le monde aura lieu le 24 octobre aux Journées françaises de radiologie.
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