RARES SONT les expositions consacrées à Jules Dupré, cet artiste de l'école de Barbizon qui resta longtemps dans l'ombre. Pourtant, son oeuvre fut féconde et marqua l'histoire de l'Ecole paysagiste française. Van Gogh l'admira profondément et décela en lui un « authentique coloriste ».
De nombreux peintres se trouvèrent dans son sillage : Daubigny, Corot, Millet, et plus tard Maufra ou Vlaminck. Quelques-unes de leurs oeuvres sont présentes dans l'exposition du musée des Beaux-Arts de Reims. Celle-ci nous renseigne sur les aspects les plus marquants de l'oeuvre de Dupré, depuis les premières représentations de la nature par le peintre nantais jusqu'aux paysages de la fin de sa vie, affranchis de toute contrainte picturale et où se lisent la grâce et l'émotion. Entre-temps, Dupré se lia d'amitié avec le peintre Théodore Rousseau et entretint avec lui des relations faites à la fois de rivalité et de profonde complicité.
Influencé par Constable, il s'imprégna du souffle de liberté qui inspirait les oeuvres du peintre d'outre-Manche. Comme Constable, Dupré, après avoir «marché dans les champs avec un esprit d'humilité», ainsi que le disait joliment le peintre anglais, posait son chevalet en plein air et donnait naissance à des paysages paisibles et bucoliques, mais qui pouvaient parfois se révéler hostiles et inquiétants, désolés et romantiques, avec nuages orageux et cieux déchirés… Dans les années 1830, Dupré cherche à rendre une vision directe et simple de la nature. A Fontainebleau, il développe un style expressif et spontané dans des compositions équilibrées et léchées. Puis vient l'époque des grandes marines, où le style de Dupré confine à l'essence, à l'abstraction presque. Le peintre séjourne régulièrement à Cayeux sur la côte picarde et se plaît à représenter des scènes de tempêtes maritimes accompagnées de trouées célestes.
Cette exposition ajoute un intérêt supplémentaire à une visite du musée des Beaux-Arts de Reims dont les salles sont déjà en soi d'une belle richesse (écoles européennes du XVIe au XXe siècle et importantes collections du XIXe siècle avec des oeuvres de l'école de Barbizon et de Corot).
> DAPHNÉ TESSON
« De Dupré à Vlaminck », musée des Beaux-Arts, Reims, 8, rue Chanzy. Tél. : 03.26.47.28.44. Tlj sauf mardi, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Entrée : 3 euros. Jusqu'au 24 février. A lire : catalogue, éd. Somogy, 25 euros.
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