L'HYPERURICÉMIE constitue un facteur prédictif indépendant d'HTA. Une hyperuricémie est souvent trouvée lors d'un bilan initial d'une hypertension essentielle. «Si l'hyperuricémie précède le développement de l'hypertension, cela n'est pas simplement un phénomène secondaire», soulignent les auteurs. Ils rappellent une de leurs précédentes études, où ils montraient qu'une élévation de l'acide urique est présente chez près de 90 % des adolescents porteurs d'une HTA essentielle. Chez 63 participants de ce travail, 89 % de ceux ayant une HTA essentielle avaient un taux d'acide urique supérieur à 55 mg/l, ce qui ne concernait que 30 % de ceux ayant une HTA secondaire et aucun des témoins.
Le rôle causal de l'acide urique tend à être confirmé par les expérimentations sur des modèles animaux, montrant une hypertension systémique consécutive à l'usage d'un inhibiteur de l'uricase, enzyme (animale et non humaine) de dégradation de l'acide urique, qui accroît le taux d'acide urique.
Une dysfonction endothéliale.
Des études humaines ont corrélé les taux d'acide urique à une dysfonction endothéliale et à une activité rénine plasmatique élevée. Quelques études cliniques contrôlées ont rapporté qu'une réduction de l'acide urique par des inhibiteurs de la xanthine oxydase améliore la fonction endothéliale.
Pour tester l'hypothèse qu'une diminution de l'uricémie par un inhibiteur de la xanthine oxydase pourrait réduire la TA, Daniel Feig et coll. (États-Unis) ont réalisé cette étude contrôlée en double aveugle contre placebo, chez 30 adolescents présentant une HTA récemment diagnostiquée.
Les jeunes gens inclus avaient une HTA légère et un taux d'acide urique élevé, supérieur ou égal à 60 mg/l. Ils étaient indemnes d'une pathologie potentiellement hypertensiogène.
Ils ont reçu l'allopurinol à la dose de 200 mg deux fois par jour pendant quatre semaines, puis un placebo pendant les quatre semaines suivantes, avec une période de wash out de deux semaines entre les deux.
Les résultats sont significatifs. La modification moyenne de la TA systolique prise occasionnellement, est de - 6,9 mmHg dans le groupe allopurinol, contre - 4,5 dans le groupe placebo. Les modifications de la PA diastolique sont respectivement de - 5,1 versus + 2,4 mmHg. Les modifications de la TA moyenne enregistrée en ambulatoire sur 24 heures sont de - 6,3 versus + 0,8 mmHg pour la PAS et de - 4,6 versus - 0,3 mmHg pour la PAD. Vingt des 30 participants ont atteint une normalisation de leur TA sous allopurinol, contre un seul patient sous placebo (p < 0,001).
Prouver un mécanisme biologique.
L'étude a été engagée dans l'intention de prouver un mécanisme biologique et non pour établir un nouveau traitement, soulignent les auteurs. Cependant, en dépit du grand nombre de traitements existants, un contrôle optimal de la TA n'est atteint que chez moins de 40 % des patients traités.
Les résultats de cette étude font entrevoir une potentialité thérapeutique, en s'attaquant à une cause biochimique de l'HTA. L'exploration de cette nouvelle potentialité doit se poursuivre par une étude des effets de l'allopurinol dans des études de plus grande envergure, dans l'indication de l'HTA essentielle, avec une évaluation soigneuse des effets secondaires. L'allopurinol est indiqué chez l'enfant dans le traitement de la goutte et la dose utilisée dans l'étude est généralement considérée comme sûre. L'administration de 200 mg deux fois par jour correspond aux recommandations pédiatriques en vigueur aux États-Unis. Les taux d'acide urique ont décru, passant d'une moyenne de 69 mg/l à 42 mg/l, mais 8 patients ont continué à avoir des taux d'acide urique supérieurs à 50 mg/l. Les auteurs n'ont pas relevé d'effets indésirables au cours de l'essai, mais on sait qu'il existe un risque chez 1 enfant sur 75 de présenter des nausées avec vomissements ou diarrhée.
« JAMA », vol. 300, n° 8, 27 août 2008.
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