Il est déjà loin, le temps de l'idylle entre la première centrale syndicale de médecins libéraux et l'actuel gouvernement. Le président de la branche spécialiste de la Confédération des syndicats médicaux français (UMESPE-CSMF) ne mâche plus ses mots pour qualifier la politique de santé menée aujourd'hui.
Ainsi, le Dr Jean-François Rey « ne voit pas d'énormes différences avec le plan Juppé » de 1996, un plan cauchemardesque dans la mémoire des médecins libéraux. « Pour la mise en place des textes, qu'il s'agisse des SROS [schémas régionaux d'organisation sanitaire] ou du PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] , ceux qu'on voit arriver dans les technostructures comme la DHOS [direction de l'hospitalisation et de l'offre de soins] sont les mêmes clones qu'il y a dix ans, constate le président de l'UMESPE . On privilégie les structures hospitalières au détriment des soignants. Au niveau de l'Elysée, comme au niveau du gouvernement, on n'a pas encore compris les médecins spécialistes. Les députés sont plus conscients de nos problèmes ». En conséquence, l'UMESPE « reste vigilante vis-à-vis du gouvernement et surtout des technostructures », face auxquelles le gouvernement « n'a pas un rôle assez fort ». En bref, la branche spécialiste de la CSMF « s'engage dans la réforme mais ne donne pas un chèque en blanc, ni à Chirac, ni à Raffarin, ni a fortiori à Mattei ».
La réforme de l'assurance-maladie, l'UMESPE la prépare déjà avec les régimes complémentaires, puisqu'elle a « commencé à discuter avec la Mutualité française », qui représente environ 90 % des mutuelles de santé. L'enjeu, explique le Dr Rey, consiste à trouver « comment contractualiser [avec les complémentaires santé, NDLR] pour avoir des espaces de liberté tarifaire solvabilisés » et obtenir ainsi « des actes médicaux payés à leur juste valeur ». Un sujet sur lequel l'UMESPE « est prête à s'impliquer ».
En revanche, le Dr Rey ne voit pas l'intérêt de se rapprocher des caisses d'assurance-maladie pour négocier avec elles, sauf en ce qui concerne les contrats individuels de pratiques professionnelles (CPP, voir encadré). Le président de l'UMESPE qualifie de simples « démarches politiques pour exister dans la presse » les demandes de réouverture de négociations conventionnelles formulées successivement par les syndicats SML et Alliance. Ces deux syndicats, auparavant partisans d'une convention unique pour tous les médecins libéraux, plaident maintenant en faveur d'une convention transitoire pour les spécialistes, faute de mieux, en attendant l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance-maladie courant 2005 (« le Quotidien » des 10 et 21 octobre).
« Qu'est-ce que ça apporterait financièrement pour les spécialistes ? », interroge le Dr Rey. Rien, selon lui, dans la mesure où les responsables des caisses d'assurance-maladie « n'ont plus aucune marge financière ». Pour autant, précise le président de l'UMESPE, « s'il y a une réunion [de négociation conventionnelle] , on ira, car on est des gens polis. On ira pour y répéter nos principes. Et puis, assister à une réunion n'engage à rien ».
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