« Léo en jouant "Dans la compagnie des hommes" », d'Arnaud Desplechin

Tuer le père ?

Publié le 27/01/2004

Article réservé aux abonnés

1276211360F_Img158267.jpg

SUJET ETERNEL, l'affrontement du fils et du père . Traitement aux marges. S'inspirant de la pièce du dramaturge anglais Edward Bond (« Dans la compagnie des hommes »), mêlant théâtre et cinéma (série B policière, affirme-t-il), Œdipe et Hamlet, Desplechin livre une tragédie sur « la barbarie du monde contemporain ».
Les hommes de pouvoir - le pouvoir de l'argent - sont les rois d'aujourd'hui, dit le cinéaste. Et comme dans les pièces de Shakespeare, ce n'est autour d'eux qu'intrigues et trahisons. Le vieux roi est marchand d'armes, son royaume est convoité par le patron d'une grande société tandis que son fils adoptif (Léonard, d'où le titre) s'impatiente aux portes de la puissance. Et pour faire bonne mesure, il y a aussi un chambellan, un fou et un manant.
Desplechin a choisi de ne cacher ni le théâtre ni la fabrication du film. Il mêle donc essais de casting et répétitions, filmés en vidéo, et tournage en situation, en 35 mm. On est totalement dans la représentation, et même la représentation de la représentation, ce qui gêne l'identification aux personnages, la participation à leurs émotions, qui est l'un des plaisirs essentiels du cinéma. Mais cela n'empêche pas d'apprécier intellectuellement le travail du cinéaste et d'admirer celui des acteurs, Jean-Paul Roussillon, Sami Bouajila, Wladimir Yordanoff, Lazslo Szabo, Bakary Sangare et, pour une touche féminine tout de même, Ana Mouglalis.

> R. C.