Découvertes et inventions
« C'est le Pr Escherich qui a, le premier, considéré comme spécifique, et décrit, sous le nom de stich-réaction, la réaction qui se produit au point d'inoculation dans l'injection sous-cutanée de tuberculine. Von Pirquet, en créant la cutiréaction, a montré tout le parti que l'on peut tirer des réactions locales à la tuberculine. Et, depuis, Hamburger a étudié d'une façon plus précise, et avec des résultats fort intéressants, la stich-réaction à la tuberculine », écrit Charles Mantoux, ancien interne des hôpitaux de Paris dans « la Presse médicale » le mercredi 5 janvier 1910.
Mantoux juge que l'on peut encore perfectionner la technique des réactions cutanées à la tuberculine. En 1909, il propose une nouvelle technique : « Au lieu de déposer la toxine à la face superficielle, par scarification, comme Von Pirquet, ou à sa face profonde, comme Escherich et Hamburger, nous l'injectons dans son épaisseur même : d'où le nom d'intradermoréaction ».
Mantoux fait en 1909 plusieurs présentations à la Société de biologie : le 3 juillet, le 27 octobre et le 30 octobre.
Une méthode très simple
La méthode est « d'une extrême simplicité », l'instrumentation se réduit à une seringue de Pravaz de 1 cm3, stérilisable, à tige graduée en vingt divisions et munie d'un curseur et à une aiguille en acier ou, mieux, en platine iridié.
« Nous employons une solution de tuberculine à 1/5 000, obtenue en diluant un volume de lasolution mère à 1/100, que délivre l'Institut Pasteur de Paris, dans 49 volumes d'eau physiologique (eau distillée 1 000 grammes, NaCl, 7 grammes). »
Pour éviter la légère douleur résultant de la distension dermique, Mantoux ajoute parfois de la stovaïne, ce qui n'a « rien d'indispensable ».
La solution de tuberculine au 1/5 000 perd rapidement son activité. Il faut donc se servir de solutions fraîches. Et d'ailleurs, l'Institut Pasteur, qui avait, à la demande de Mantoux, préparé des ampoules de tuberculine au 1/5 000, dites « pour intradermo-réactions », a arrêté de le faire, après qu'aient été signalées des erreurs imputables à l'emploi de tubes trop anciens.
« De la solution à 1/5 000, nous injectons une goutte, c'est-à-dire 1/20 de centimètre cube, correspondant à un centième de milligramme de tuberculine ».
- Lecture
« La réaction, quand elle est positive, apparaît souvent au bout de quelques heures sous forme d'une infiltration de couleur blanche ou rosée. Elle s'accroît beaucoup pendant les vingt-quatre premières heures, mais n'atteint son acmé qu'au bout de deux jours ; l'infiltration, très accrue, est alors rose ou rouge vif, parfois blanche, démateuse, avec une surface légèrement granitée. Tout autour de la région infiltrée se développe un halo rosé d'érythème ; parfois, une zone intermédiaire sépare le nodule central du halo périphérique ; l'élément prend alors une disposition en cocarde des plus caractéristiques. »
« Il est cependant des malades chez qui la réaction, bien moins accentuée, forme seulement une papule à peine rosée, ne dépassant pas les dimensions d'un gros pois ; le toucher, mieux encore que la vue, permet alors de limiter l'infiltration dermique. »
- Cas où l'intradermo est positive
a) Chez l'enfant du premier âge, et surtout chez le nourrisson, « une intradermo positive révèle presque toujours une tuberculose à allure évolutive et de pronostic très grave ».
b) A partir de la deuxième année et chez l'adulte, « on ne devra rien conclure, sinon que l'individu est porteur d'un foyer tuberculeux ou peut-être même seulement qu'il a été, à un moment indéterminé, sensibilisé par le contact de son organisme avec le bacille de Koch ».
- Cas où l'intradermo est négative
Certains cachectiques avancés, méningitiques, granuliques et les rougeoleux ne réagissent pas à l'intradermo. « Ces cas mis à part, lorsque l'intradermo se montre négative chez un sujet suspect, on peut conclure avec une quasi-certitude que ce sujet n'est pas tuberculeux. »
Un saut dans le présent
La tuberculine purifiée (soit sous forme de suspension intradermique pour multipuncture avec applicateur à usage unique, soit sous forme lyophilisée pour intradermo-réaction) est destinée, certes, à la recherche de l'allergie tuberculinique spontanée, mais aussi au contrôle pré- et post-vaccinal du BCG. Il faut en effet vacciner après avoir vérifié la négativité des réactions tuberculiniques ; après vaccination, il est indispensable de vérifier la positivation des réactions tuberculiniques.
Dans les pays où la vaccination par le BCG n'est pas adoptée (les Etats-Unis notamment), la réaction tuberculinique est réservée au diagnostic de la tuberculose.
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