« C'EST UNE MARCHE de sautée. On ne fait plus partie de la génération d'avant, mais de celle d'après. » A en croire l'enquête* menée par l'institut TNS-Sofres dans cinq pays d'Europe à la demande du Laboratoire Physcience, ménopause signifie début de fin de vie. Pour les Françaises, les Italiennes et les Espagnoles, l'âge moyen de la ménopause se situe à 50 ans. A 48 ans pour les Britanniques et à 49 pour les Belges.
L'étude révèle un « paradoxe violent » : d'un côté, les femmes déclarent pouvoir rester belles. Tout comme la santé et la forme, la jeunesse s'érige en valeur et non plus comme un simple état démographique, « si bien que le mythe de l'éternelle jeunesse fonctionne : plus de neuf femmes sur dix, quel que soit le pays, déclarent que l'on peut être belle à tout âge et rester jeune après la ménopause », commente Odile Peixoto, de l'institut TNS-Sofres. De l'autre côté, les femmes n'acceptent pas le fait même d'être ménopausées. La ménopause est considérée comme une étape naturelle de la vie par seulement 8 % des Françaises de 49 à 60 ans. L'interruption des règles vient au premier rang des désagréments (pour 78 %). Viennent ensuite tout un cortège de symptômes, fragilité osseuse, ostéoporose, migraine, désordre alimentaire, sécheresse vaginale et incidence sur la libido. Quarante-quatre pour cent des Françaises se disent extrêmement gênées dans leur vie par la ménopause, qu'il s'agisse de leur vie professionnelle, sociale, familiale ou de couple. Les 42 % de femmes « moins gênées » sont celles qui se disent le plus stressées. « Sans doute s'étourdissent-elles dans un tourbillon d'activités et pour faire bonne figure, rentrer dans le carcan social, elles affichent une bonne forme », explique Odile Peixoto.
Selon le sondage, la ménopause ne présenterait pas vraiment d'avantages. Par exemple, ne plus avoir ses règles est une contrainte en moins pour seulement 29 % de femmes en France. Au contraire, la ménopause est perçue comme un renoncement. C'est le début de la vieillesse pour 80 % de Françaises. Et pour 87 % d'entre elles, il est douloureux de savoir qu'on ne pourra plus avoir d'enfants. « Alors même qu'elles n'en veulent plus ! » précise Odile Peixoto. « La perte de la fertilité (qui renvoie par ailleurs à la perte de la féminité) fait basculer la femme dans l'inutilité. Cet archétype social selon lequel la femme est mère avant tout... c'est là qu'il y a le nœud. » Pour une majorité de femmes, en effet, la ménopause est vécue comme une épreuve qu'il est difficile de surmonter. Et pourtant, cette souffrance est peu exprimée : 65 % des Françaises interrogées se reconnaissent dans l'affirmation « Je fais comme si de rien n'était, je n'en parle à personne » ; 88 % disent que la ménopause rend seule. Les deux tiers des femmes s'accordent à dire qu'elles regrettent leur vie sexuelle « d'avant », 76 % en France précisent que la ménopause perturbe l'harmonie du couple.
Solutions.
Autre surprise de l'enquête : le rôle des médias dans l'information des femmes ménopausées. La presse féminine et la presse santé sont citées comme sources de renseignements sur les nouveautés, au même rang que les médecins. Le gynécologue reste la première source d'information pour 30 % des femmes interrogées, suivi de très près par la presse magazine féminine (29 %) et la presse santé (28 %), devançant d'un point le médecin généraliste.
Quant aux solutions apportées aux femmes ménopausées, les compléments alimentaires ont désormais dépassé les THS (traitements hormonaux de substitution) : 17 % de femmes françaises préfèrent en effet un complément alimentaire (et 90 % en sont satisfaites), contre 15 % qui utilisent un THS (98 % satisfaites). En Espagne, l'écart est encore plus net : 11 % d'utilisatrices de THS contre 26 % d'amateurs de compléments. On explique le refus de traitement principalement par la « non-reconnaissance de ce besoin », illustration, selon Odile Peixoto, du déni des effets de la ménopause.
« C'est la suite logique du fameux dogme "Tu enfanteras dans la douleur" . La femme reste coincée dans ce rôle social de la génitrice. Il faut dédramatiser la fin de la vie fertile de la femme, encore trop associée à une "petite mort". ». La ménopause, une seconde jeunesse ?
* L'étude a été réalisée en mars dernier auprès de 500 femmes françaises et de 400 femmes de 18 ans et plus de chacun des pays suivants : l'Italie, l'Espagne, la Belgique et le Royaume-Uni. Dans chacun des pays, un suréchantillon a été interrogé sur les questions relatives à la ménopause de façon à atteindre 400 femmes âgées de 49 à 60 ans pour la France et 200 pour les autres pays.
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