Présentée en début de semaine lors du congrès annuel de la société française de lutte contre le sida, l ’actualisation du rapport Morlat plaide en faveur de la PrEP, mais pas chez n’importe qui. Pour le groupe d'experts du Pr Philippe Morlat, le Truvada® doit être utilisé en "prophylaxie pré-exposition" (PrEP) à destination de personnes non infectées par le sida, mais uniquement pour des personnes "à haut risque". Le groupe d'experts mené par le spécialiste bordelais du sida recommande en effet à la ministre de la Santé son usage pour plusieurs catégories de personnes. Il s'agit, d’abord d'hommes ayant des relations anales non protégées avec d'autres hommes, avec au moins deux partenaires différents lors des six derniers mois, ainsi que des hommes infectés plusieurs fois par des maladies sexuellement transmissibles sur les derniers mois. La recommandation y ajoute ceux qui ont l'habitude de se droguer lors de rapports sexuels ou encore des "personnes transgenres ayant des relations sexuelles à haut risque". Enfin, la PrEP devrait aussi pouvoir être prescrite "au cas par cas" pour trois autres catégories de personnes considérées comme "à haut risque" : s'agit d'usagers de drogues injectables qui partagent leurs seringues, prostitués ayant des rapports non protégés ou personnes vulnérables soumises à des rapports non protégés.
La population qui pourrait bénéficier en France de prescriptions de PrEP peut être estimée "à plusieurs dizaines de milliers de personnes", selon cet avis. Le groupe d'experts estime encore que les prescriptions de traitements préventifs devraient aller avec un "accompagnement" pour favoriser une bonne observance du traitement et inviter les personnes à des pratiques à moindres risques. La PrEP doit s'inscrire "dans une démarche de santé sexuelle globale" et représenter "une modalité de prévention complémentaire des autres modalités déjà préconisées" comme l'utilisation du préservatif.
En dehors de ces sept cas, les experts ne recommandent pas le Truvada® , même pour les couples dont seulement un est porteur du virus du sida. "Dans ces situations, la base de la protection vis-à-vis du VIH repose sur l'utilisation du préservatif et du traitement antirétroviral du partenaire infecté", rappellent-ils.
Utilisé comme c'est à dire comme traitement préventif, le Truvada® a en effet fait la preuve de son efficacité pour éviter à des hommes séronégatifs d'être infectés par le VIH à la suite de relations sexuelles non protégées. Un essai clinique mené en France sur 414 hommes, a montré qu'il réduisait de 86% les risques de contamination. Une "recommandation temporaire d'utilisation" qui permettrait au Truvada d'être prescrit à titre préventif est actuellement en "cours d'examen" par l'Agence française du médicament, ANSM. Ce traitement relativement onéreux (500 euros la boîte de 30 comprimés) est déjà autorisé aux Etats-Unis comme traitement préventif.
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