Après 70 ans, plus de 70 % des sujets se plaignent de leur mémoire et, face au vieillissement de la population, la prévalence des troubles de la mémoire ne va faire qu'augmenter.
Ces troubles mnésiques (oubli de numéros de téléphone, de codes de cartes bancaires, des commissions), qui perturbent considérablement la vie quotidienne, entraînent, outre une vie altérée, une assurance moins grande du sujet, conduisant progressivement vers l'isolement. Ces troubles peuvent constituer également un facteur de risque de la maladie d'Alzheimer, un signe de démence, comme le montrent de nombreuses études épidémiologiques.
Quelques tests rapides
« La plainte mnésique d'un sujet, quel que soit l'âge, ne peut donc être négligée », souligne le Dr Sellal. Quelques tests rapides, simples, de débrouillages peuvent être mis en uvre par le médecin généraliste tels que le test des 5 mots, le test de l'horloge ou le MMS (Mini Mental Test), assortis d'une appréciation de l'autonomie du sujet dans les activités instrumentales de la vie quotidienne. A l'issue de ces examens, plusieurs orientations sont possibles :
- on se trouve devant une plainte banale, sans baisse des performances mnésiques, ni de l'autonomie, c'est une plainte bénigne liée au vieillissement cognitif normal ;
- une baisse des performances et de l'autonomie sont observées, un bilan plus détaillé, neuropsychologique et par imagerie doit être envisagé ;
- l'autonomie est préservée mais les performances mnésiques sont perturbées. On entre alors dans le cadre d'un MCI (Mild Cognitive Impairement ou trouble cognitif léger), un cadre nosologique hétérogène dont l'évolution fréquente est la démence.
Baisse des récepteurs D2
De nombreuses recherches tentent d'élucider les causes étiologiques incriminées dans les troubles de la mémoire. Actuellement, une des hypothèses, la plus probable, serait une baisse de la l'activité dopaminergique. La dopamine apparaît comme le premier neurotransmetteur altéré par le vieillissement. Des observations recueillies par la tomographie à positrons (PET-scan), par une équipe américaine dirigée par le Pr Volkow, et par des tests neuropsychologiques dopaminosensibles mettent en évidence la baisse significative des récepteurs dopaminergiques D2 en fonction de l'âge, évaluée à une perte de 4 à 6 % par décade. Les pertes en dopamine liées à l'âge apparaissent associées à un déclin des performances d'exécution comme la mémoire, certains aspects de l'attention et à un déclin de la motivation. « Cet aspect, souligne le Pr Volkow, est important pour les personnes âgées pour lesquelles vouloir conserver une activité doit venir de la motivation intérieure. » La fonction dopaminergique est également associée à certaines taches motrices comme la vitesse à laquelle est exécutée un mouvement.
Face à de tels résultats, une approche thérapeutique destinée à augmenter l'activité dopaminergique pour améliorer le déficit pathologique cognitif et moteur des personnes âgées a pu être envisagée. Le piribédil (Trivastal 50 mg), un agoniste dopaminergique à forte affinité pour les récepteurs D2 et D3, a fait l'objet de plusieurs études. Une étude récente (Dr Nagaraja) montre que la prise d'un comprimé par jour de Trivastal 50 mg, par des sujets âgés de 60 ans présentant des déficits cognitifs légers, entraîne au bout de soixante jours une amélioration significative de leur mémoire et ce dès le 60e jour. Une autre étude (Pr Scholling), réalisée sur des sujets âgés de 50 à 70 ans comparant un traitement par Trivastal à celui d'un vasodilatateur (vincamine) pendant quatorze semaines, montre une amélioration supérieure des fonctions cognitives sous Trivastal.
Ces résultats confirment le rôle du déclin de la dopamine dans les troubles cognitifs de la personne âgée et apporte la preuve de l'efficacité du piribédil.
MEDEC, conférence de presse Euthérapie. Intervenants : Dr F. Sellal (Strasbourg), Pr H. Allain (Rennes).
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