Les malades dits « fonctionnels » sont parfois moins bien considérés par leurs thérapeutes que les malades « organiques », en raison notamment de la chronicité désespérante de leurs troubles, de l'importance de la part psychologique dans l'histoire de leur maladie, beaucoup plus complexe à prendre en charge qu'une lésion bien identifiée, de la difficulté de la prise en charge thérapeutique et, enfin, à cause du risque qu'il y a à méconnaître, chez ces patients, un signe d'appel important dans un contexte bruyant de plaintes opiniâtres.
Une étude néerlandaise, qui faisait l'objet d'une présentation orale lors de la onzième semaine de gastro-entérologie à Madrid, rend à la souffrance des colopathes fonctionnels sa juste place. Comblant un manque évident de données sur la question, De Wit et coll. ont comparé l'impact sur la qualité de vie des troubles fonctionnels intestinaux et des pathologies inflammatoires du côlon.
Plus de 230 réponses exploitées
Cette enquête postale a porté sur deux populations de malades en rémission (atteintes fonctionnelles ou inflammatoires du côlon) suivis par un réseau de soins primaires ou relevant de soins spécialisés délivrés en ambulatoire par un service universitaire de gastro-entérologie. Les questionnaires adressés à ces patients exploraient des données démographiques d'ordre général et la présence de symptômes liés ou non à la pathologie considérée.
L'analyse de ces questionnaires montre que l'impact sur la qualité de vie des troubles fonctionnels intestinaux est tout à fait comparable à celui des maladies inflammatoires du côlon. Le premier se révèle même plus lourd que le second si l'on prend en compte seulement les critères « douleur » et « fonction physique ». L'étude comparée des « malades fonctionnels » pris en charge par le réseau de soins primaires et par l'hôpital (soins secondaires) fait apparaître une moindre atteinte de la qualité de vie chez les premiers dont les douleurs sont plus supportables, dont la perception générale de santé et « l'élan vital » sont plus favorables. L'inverse était observé au sein des deux populations (soins primaires ou secondaires) de patients porteurs de maladies inflammatoires du côlon sur les critères « douleur », « santé mentale » et « fonction sociale ». Mais aucune différence n'était notée au sein de ces deux groupes sur les dimensions « élan vital » et « perception générale de santé ».
Un profil similaire à celui des maladies inflammatoires intestinales
On retiendra donc que, contrairement à une opinion communément admise, les patients souffrant de troubles fonctionnels intestinaux pâtissent d'une atteinte de la qualité de vie comparable à celle des patients traités pour une maladie inflammatoire du côlon, a fortiori s'ils relèvent de soins spécialisés.
D'après la communication de De Wit NJ et coll. (Utrecht, Pays-Bas).
Un peu de piment dans la vie des colopathes
On connaît l'intérêt du piment sur les signes dyspeptiques, dont l'effet serait lié à la présence de capsaïcine qui inhibe partiellement l'activité des fibres nerveuses nociceptives viscérales. Une étude italienne menée sur 10 patients qui présentaient un syndrome du côlon irritable selon les critères de Rome II, mais aucune symptomatologie digestive haute, montre que ce même piment, lorsqu'il est administré de façon prolongée, est également capable de limiter l'intensité des douleurs et le ballonnement liés aux troubles fonctionnels intestinaux, probablement par le même effet pharmacologique sur les fibres C.
Avant de jouir des effets positifs de cette thérapeutique « naturelle », les patients ont dû absorber chaque jour cinq pilules gastrorésistantes de 0,5 g de poudre de piment correspondant au total à 1,75 mg de capsaïcine, le tout pendant cinq semaines. Ils notaient quotidiennement l'intensité de leurs symptômes (douleurs abdominales, ballonnements) sur une échelle de 1 à 5. Un score hebdomadaire moyen était ainsi calculé puis comparé au même score recueilli avant traitement. L'amélioration des symptômes, maximale durant la cinquième semaine, s'est finalement révélée significative tant pour l'intensité de la douleur que pour le ballonnement.
Il s'agit d'une étude non contrôlée réalisée sur 10 patients, dans un domaine où le placebo est efficace dans plus de 50 % des cas. Mais compte tenu du prix du piment, qui n'est même pas retenu dans le calcul des coûts de santé, voilà une fantaisie que l'on peut s'offrir à peu de frais avec la caution intellectuelle de Bortolotti et coll. dont le poster comptait parmi les plus remarqués à Madrid.
Dr J. A.
D'après la communication de Bortolotti et coll. (Bologne, Italie).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature