SI LES RESULTATS obtenus chez des rats sont transposables aux humains, une anoxie survenue en période périnatale peut avoir trois types de conséquences : un ralentissement spécifique dans un domaine psychomoteur précis, un effet plus global sur les fonctions exécutives ; elle peut aussi dévoiler ou exagérer une faiblesse congénitale ou héritée.
On a décrit, en relation avec certaines infirmités (autistes, schizophrénie, troubles du langage ou certaines difficultés à l'apprentissage du langage), des diminutions de l'audition avec un ralentissement du traitement de l'information au niveau du cortex et du tronc cérébral. Plus précisément dans l'autisme, on a décrit des traits évoquant une immaturité neurosensorielle : élévation des seuils acoustiques testés sur des réponses comportementales, diminution des taux de performance ; retard des réponses transitant par le tronc cérébral.
Il existe évidemment un certain nombre d'arguments génétiques pour expliquer l'étiologie. Mais l'ensemble des auteurs s'intéresse aussi aux facteurs épigénétiques. Parmi ces derniers, dans une proportion significative de cas, l'anoxie périnatale a un rôle déterminant en tant que facteur causal ou contributif.
F. Strata et coll. (San Francisco) ont exploré ce domaine expérimentalement chez le rat. Les animaux ont été soumis à une brève anoxie en période périnatale (au premier et deuxième jours de la vie).
L'évaluation auditive a eu lieu après soixante jours, avec une comparaison chez des rats contrôles. Les rats qui ont subi l'anoxie périnatale ont des seuils acoustiques élevés. Ils présentent également une réduction de l'efficacité des traitements neuronaux, qui est constatée lors de tâches comportementales auditives. Les adaptations et ajustements aux changements sont également ralentis.
« Ces déficits du traitement neurologique sont cohérents avec ce qui est décrit chez des enfants ou des adultes qui ont une histoire de déficit dans l'apprentissage du langage ou chez des autistes », concluent les auteurs.
Un ralentissement des circuits au niveau temporal, même s'il ne touche qu'un système, peut se répercuter sur l'ensemble des fonctions cognitives, qui nécessitent l'intégration de différentes modalités sensorielles.
Tous ces traits d'immaturité de l'autisme correspondent à ce qui est trouvé chez les rats de l'expérience. Ces derniers présentent des réponses un peu ralenties au niveau du tronc cérébral et au niveau de la principale aire auditive corticale.
« Nos travaux suggèrent que l'anoxie périnatale chez les rats peut représenter un modèle d'étude des déficits sensoriels et fonctionnel observés chez les enfants affectés par des troubles du développement neurologique. »
« Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne.
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