REFERENCE
:LES SYSTEMES DE MEMOIRE
La mémoire est la capacité d'enregistrer (encodage) des informations, de les stocker (maintien) et de les rappeler (récupération). En clinique, l'oubli peut être expliqué par une atteinte de ces trois étapes. La mémoire humaine se compose de cinq systèmes qui interagissent de manière complexe et multiple.
La mémoire de travail est un système de rétention à court terme. Elle possède une capacité limitée et une durée de quelques secondes. Il permet de maintenir l'information « en ligne » lors de l'exécution d'une tâche.
La mémoire sémantique correspond aux connaissances générales sur le monde. Ce système rend possible l'acquisition, la rétention d'informations factuelles et de concepts non reliés à un contexte temporel ou spatial particulier. Par exemple, savoir que la ville de Toronto est située au Canada fait intervenir la mémoire sémantique.
La mémoire épisodique partage de nombreuses propriétés avec le système sémantique. Elle permet de plus le codage spatio-temporel de l'information à enregistrer et, ultérieurement, l'évocation consciente d'expériences personnelles. Par exemple, le rappel d'une visite familiale à Toronto dépend de la mémoire épisodique.
Le système des représentations perceptives a pour fonction d'identifier l'environnement du sujet en termes sensoriels en opérant à un niveau présémantique.
La mémoire procédurale joue un rôle important dans l'apprentissage d'habiletés et d'habitudes acquises à partir de pratiques répétitives. Elle s'exprime sous forme d'actions automatisées. C'est en quelque sorte le système mnésique du « savoir-faire ».
Il faut aussi distinguer les notions d'explicite et d'implicite. Le terme d' explicite renvoie à une récupération consciente et intentionnelle de l'information. Ce type de récupération se manifeste lorsqu'on demande à un sujet de rappeler une liste de mots précédemment acquise. On lui demande alors de récupérer intentionnellement des informations qu'il a conscience d'avoir apprises dans un contexte précis. Le terme d' implicite renvoie, quant à lui, à l'utilisation non consciente, automatique et non intentionnelle d'informations préalablement acquises.
Aide-mémoire interne et externe
Résumé des informations fournies aux participants dans un programme d'éducation cognitive.
Aide-mémoire interne
Les stratégies d'aide-mémoire interne sont les stratégies que vous avez dans « votre tête » afin de vous aider à vous rappeler des informations. Les stratégies internes sont le plus souvent utiles quand vous êtes dans une situation où vous ne pouvez, ou ne voulez, utiliser des aide-mémoire externes.
Les aide-mémoire internes comprennent :
- la visualisation : il s'agit de former une image mentale de quelqu'un que vous voulez vous rappeler ;
- retracer les différentes étapes : imaginez-vous remonter en arrière dans le temps et retracer mentalement quelque chose qui est arrivé. Cette technique peut être utile pour localiser quelque chose que vous avez perdu ;
- organiser les informations ;
- élaboration verbale : réfléchissez sur la signification et les implications de l'information ou focalisez-vous sur un détail ;
- les associations : reliez la nouvelle information à quelque chose que vous connaissez déjà ;
- technique de récupération espacée ;
- les moyens mnémotechniques : ce sont des techniques formelles utilisées pour mémoriser l'information. Généralement, elles demandent un effort important d'apprentissage. Elles fonctionnent bien pour mémoriser de longues listes de choses, mais beaucoup de personnes trouvent qu'elles sont difficiles à utiliser dans la vie de tous les jours.
Aide-mémoire externe
Ce sont des sources extérieures qui vous faciliteront le rappel des informations. Les aides externes sont souvent meilleures que les stratégies internes car elles sont extrêmement fiables une fois que vous vous êtes accoutumé à elles. Contrairement à l'opinion populaire, l'utilisation d'aide externe n'aggravera pas votre mémoire. Le proverbe : « Utilisez une fonction ou perdez-la » n'est pas vrai dans ce cas.
Parmi les aides externes, il faut signaler :
- le « partenaire mémoire » : il s'agit tout simplement de demander à quelqu'un de vous rappeler quelque chose ;
- gardez les choses organisées : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ;
- listes ;
- calendrier ;
- réveil et alarme ;
- livre mémoire : un livre mémoire est utilisé pour organiser et garder une trace des choses importantes à se rappeler. Un livre mémoire peut combiner plusieurs des aide-mémoires externes présentés précédemment.
:Rééducation, stimulation, réadaptation
Les traitements sont désignés par différents termes. Le plus précis est celui de rééducation. Il s'agit de refaire l'éducation d'une fonction lésée. La rééducation va utiliser une technique neuropsychologique spécifique orientée vers une fonction précise qui est déficitaire. Un autre terme plus général est celui de stimulation, défini comme « un aiguillon » destiné à augmenter l'énergie ou l'activité, ou encore favoriser l'expression des capacités cognitives du sujet. Le domaine est donc plus large que celui d'une simple fonction et a aussi comme caractéristique d'inclure d'autres aspects en interrelations avec les cognitions comme la motivation. Enfin, il existe un troisième terme qui est celui de réadaptation, défini comme la modification des attitudes du sujet et/ou de son environnement en vue d'une adaptation à un handicap.
Actuellement, les interventions ont la plupart du temps pour mission d'aider le sujet à développer des stratégies compensatoires afin de réduire les symptômes et de pallier les effets d'une incapacité de fonctionner de façon autonome. Ces stratégies compensatoires s'appuient sur les systèmes de mémoire demeurés intacts, sur des modifications de l'environnement ou encore sur l'utilisation de prothèses.
L'étape préliminaire indispensable est bien sûr celle de l'évaluation initiale du déficit et des fonctions préservées. Il est aussi très important d'une manière complémentaire d'évaluer affect, motivation et comportements. En fonction de la pathologie, le bilan somatique et les techniques d'imagerie cérébrale sont aussi des critères complémentaires importants. Ce type de bilan est habituellement réalisé dans le cadre des centres Mémoire.
Vient ensuite l'étape de la programmation de l'intervention. Une fois la rééducation mise en place, il sera nécessaire d'effectuer des évaluations périodiques afin de vérifier la réalisation des objectifs et, le cas échéant, porter des modifications à la stratégie thérapeutique.
Schématiquement, il existe deux grands types de stratégie (voir encadré).
Quand un trouble de la mémoire est léger ou modéré et que la cible du traitement est spécifique, les aide-mémoire internes sont privilégiés. Parmi les aides internes, il faut citer les techniques visant à faciliter et à optimiser l'encodage ou la récupération, par exemple, en faisant appel aux images mentales, aux techniques d'association mentale, d'encodage multimodal (ex : encodage verbal et moteur). Il s'agit donc de mettre en place des stratégies conscientes de récupération explicite qui impliquent aussi les ressources attentionnelles et motivationnelles.
Les aide-mémoire externes sont par contre souvent réservés au traitement de troubles plus sévères, par exemple les pathologies démentielles survenant chez le sujet âgé. Ces techniques d'aide externe s'accompagnent souvent de l'aménagement de l'environnement du patient.
Cependant, cette dichotomie n'est pas absolue et il est fréquent d'utiliser d'une manière conjointe aide interne et externe.
Avant même l'apparition d'un trouble, il peut exister une demande d'information sur la mémoire et ses pathologies. Les programmes d'éducation cognitive ont pour objectif de traiter ces demandes. La plainte mnésique due à l'âge est l'une des causes principales de consultation et de demande de prise en charge. Après un bilan permettant d'écarter un début de détérioration, une prise en charge de groupe peut être adaptée, avec, par exemple, pour objectif d'aider les participants à parfaire leurs connaissances sur la mémoire et les effets du vieillissement, mais aussi d'enseigner les techniques d'aide interne et externe, afin d'améliorer le fonctionnement dans la vie quotidienne.
Les sujets ayant un trouble cognitif léger (connu sous le terme de MCI) peuvent aussi bénéficier d'interventions de ce type.
Pour les sujets souffrant d'une démence comme la maladie d'Alzheimer, les interventions proposées de nos jours ont pour caractéristique d'utiliser les capacités préservées, de s'adapter au degré de sévérité du processus démentiel, de se centrer principalement sur les activités quotidiennes en privilégiant les domaines où le patient est motivé, ou bien où il a un niveau d'expertise élevé. Une démence est un processus évolutif. Aussi, une technique pourra fonctionner à un stade donné, puis perdre son efficacité. Cela souligne encore la nécessité d'un aller-retour continuel entre traitement et évaluation et sera une constante inhérente à toute prise en charge.
Pour en savoir plus :
1) Traitements non pharmacologiques des troubles cognitifs et comportementaux chez le sujet âgé. G. Proulx, D. Fontanier, J.-P. Clément, V. Lafont, P.-H. Robert. « Encyclopédie médico-chirurgicale », 37-540-C-45, 2001, 6 p.
2) Bases neuroanatomiques des comportements et émotions. P.-H. Robert, M. Benoit. « Encyclopédie médico-chirurgicale ». Psychiatrie 37-530 ; A.15, 2001. 7 p.
3) La rééducation en neuropsychologie : étude de cas. P. Azouvi, D. Perrier, M. Van Der Linden. « Neuropsychologie », Solal (ed), 1999, 297 pages.
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