L'information paraît aujourd'hui dans « Molecular Psychiatry » : des chercheurs de l'université de Californie à San Diego (UCSD) ont identifié un gène impliqué dans la survenue des troubles bipolaires. Il s'agit du gène GRK3 ou G protein receptorkinase 3. Il ne semble toutefois impliqué que dans 10 % des cas. GRK3 semble abaisser le niveau de réponse aux neurotransmetteurs, comme la dopamine. Sa mutation rendrait le sujet atteint hypersensible à la dopamine, expliquant ainsi les alternances extrêmes d'humeur.
Après une année passée à analyser des échantillons d'ADN issus de 400 familles atteintes, John Kelsoe et son équipe ont mis au jour 6 mutations dans la région promotrice du gène GRK3. Ce promoteur joue une fonction régulatrice lorsque le gène est activé. L'une des mutations, dite P-5, a été retrouvée trois fois plus souvent chez les maniaco-dépressifs que chez les sujets sains. Et cette région P-5 exerce une fonction de contrôle lorsque le gène est « allumé » ou « éteint ». Son mauvais fonctionnement affecte directement la régulation du gène, qui peut être activé ou inactivé de façon inappropriée. Les chercheurs se sont aperçus, en outre, que la situation de la mutation au sein même du gène influe sur le fonctionnement du gène.
La réponse cérébrale à la dopamine
La découverte n'est pas due au hasard. La recherche s'est focalisée peu à peu sur ce secteur. Les troubles bipolaires sont attribués à plusieurs gènes ou à des régions d'ADN. Plus récemment, plusieurs chromosomes ont été pointés du doigt. Ce n'est qu'en 1997 que John Kelsoe et son équipe ont pu désigner le chromosome 22. A partir de travaux de liaisons géniques ils ont relevé des similitudes, ou pics, dans deux secteurs de ce chromosome. La publication de la carte entière du génome humain leur a permis de découvrir que le gène GRK3 était au sommet de l'un de ces pics. Il ne restait plus qu'à l'analyser à la recherche de mutations.
Simultanément, l'équipe californienne s'est intéressée à 8 000 gènes de rats traités par amphétamine, afin de recréer des troubles bipolaires. La technique des puces à ADN leur à permis dans un temps relativement bref de contrôler l'expression de centaines de gènes. Chez l'animal aussi, GRK3 présente les niveaux d'expression les plus variables. Ce qui laisse supposer un rôle conséquent dans la réponse cérébrale à la dopamine et peut-être à d'autres neurotransmetteurs.
Pour les chercheurs il y a dès lors convergence génomique puisque le positionnement et les données d'expression identifient le même gène.
« Molecular Psychiatry », 16 juin 2003.
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