Voilà une dizaine d’années que les hausses du prix du tabac se succèdent, qu’un forfait remboursement de substituts nicotiniques a été mis en place, que les messages dissuasifs sur les paquets rivalisent d’images chocs et, plus récemment, que des boutiques de cigarettes électroniques fleurissent à tous les coins de rue… Il ne manquait plus que des recos actualisées pour permettre aux médecins d’aider leurs patients à faire le tri entre ce qui relève du charlatanisme, des méthodes éprouvées et celles qui le sont moins mais qui semblent prometteuses, comme la e-cigarette.
Ces recos nouvelles sont arrivées ! Pourtant, à peine nées, elles ont déjà un petit air surrané. Sur la e-cigarette, véritable phénomène de société – emblématique des souhaits des fumeurs concernant le sevrage – la HAS ne se prononce ni pour ni contre. Les substituts nicotiniques doivent être prescrits en première intention. Mais quel médecin ne le faisait pas déjà ? Et quant aux récentes études favorables à la varénicline et au bupropion, la HAS fait un pas de côté pour les proposer en dernière intention et dans des cas particuliers. Finalement, la seule chose qui change vraiment dans ces recos 2014, c’est le volontarisme du conseil d’arrêt aux fumeurs qui doit devenir systématique et l’accompagnement psychothérapeutique qui doit être régulier.
Si tous les experts de la HAS s’accordent à penser que la tabagisme est un fléau à prendre en charge de manière urgente, on peut se demander d’où vient cette impression de boxer dans le mou quand on lit ces recos. Certains tabacologues, pour qui rien ou presque n’est pire que la cigarette, sont beaucoup plus audacieux. Ils prônent des mesures parfois radicales avec des associations thérapeutiques de première ligne, des stratégies qui laissent peu le choix du sevrage au patient (justement parce que ce dernier ne peut pas choisir du fait même de son addiction) et sont montés au créneau les premiers pour que la cigarette electronique ne soit pas confinée aux comptoirs des pharmacies et reste simple d’accès. Dans ce contexte, la HAS paraît bien frileuse. Le problème relève au moins en partie de la conception même des recos, un processus long, qui s’appuie sur des niveaux de preuve forcément datés et qui, depuis peu, écarte de ses rangs tous les experts qui, de près ou de loin, ont un lien d’intérêt. Publié il y a un an, ce texte sur le tabac semble en retard. Dommage.
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