« NOUS RENCONTRONS, dans les consultations de gynécologie, des femmes trop enclines à l'hygiène. Dans l'ensemble, on peut considérer qu'il existe chez elles un versant obsessionnel porté sur l'hygiène intime. » Ce type de patientes, explique le Dr Olivier Graesslin (praticien hospitalier à l'Institut mère-enfant Alix-de-Champagne, à Reims), a recours à des injections vaginales, des irrigations ou autres grands lavages à l'aide de solutions antiseptiques trop agressives. « Leur but est de stériliser la cavité vaginale », poursuit-il. Une grave erreur, puisqu'il existe un système de défense local, grâce notamment à la flore saprophyte et à la desquamation de l'épithélium.
Les symptômes rencontrés vont de la simple irritation à l'infection. Au début, il peut s'agir d'une dermite ou d'une vulvite irritative avec prurit, douleurs ou érythème. A un stade plus avancé, la flore saprophyte peut être remplacée par une flore pathogène responsable d'infections cervico-vaginales. Chez les patientes s'installe un cercle vicieux : plus elles se lavent, plus la symptomatologie s'aggrave et plus elles insistent sur le décapage.
pH trop alcalin ou trop acide.
« Les produits utilisés, précise le Dr Graesslin, sont le plus souvent inadaptés à la physiologie, surtout en raison d'un pH trop alcalin ou trop acide. Le pH vaginal se situe à 5 - 5,5. Il ne faut pas négliger, enfin, au nombre des responsables, les déodorants intimes. »
Que conseiller à ces patientes ? Fort heureusement, les poires vaginales ont quasiment disparu des pharmacies familiales et il convient de bannir les injections vaginales « sans intérêt ni indications ». Il faut également préciser aux patientes, qui ont souvent recours à l'automédication, que les ovules gynécologiques doivent n'être utilisés qu'en cas de pathologie infectieuse et sur prescription médicale. « Ces traitements locaux, antiseptiques ou antifongiques, en cas d'utilisation inappropriée, favorisent le décapage de la muqueuse vaginale ou le risque de colonisation secondaire. Certaines femmes utilisent, également, des ovules contraceptifs, dont il faut se souvenir qu'ils sont antiseptiques et acides. » Leur utilisation intensive, voire dans un but antiseptique, peut apparaître néfaste.
L'idéal, conclut le Dr Graesslin, est une toilette vulvaire avec un produit adapté, savon de Marseille ou pain dermatologique sans savon, sans plus.
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