De notre correspondante
LE PSORIASIS est une affection inflammatoire fréquente de la peau qui touche 2 % de la population.
Elle se manifeste par des plaques rouges qui se recouvrent d'épaisses squames blanches. Dans 8 % des cas, c'est une maladie grave, étendue à tout le corps ou accompagnée de complications, en particulier rhumatismales.
Le psoriasis est caractérisé histologiquement par une accélération du renouvellement de l'épiderme et une inflammation chronique, qui reflètent une réaction excessive de la peau aux agressions de l'environnement.
L'allèle HLA-Cw6.
Cette maladie complexe multifactorielle est due à l'interaction entre des gènes de susceptibilité et de facteurs de l'environnement qui déclenchent les poussées (stress, angine, écorchure…).
Les études de liaison ont permis d'identifier plusieurs loci de susceptibilité au psoriasis, l'effet génétique le plus fort étant trouvé sur le chromosome 6p21, où des haplotypes portant l'allèle HLA-Cw6 sont associés à un risque accru de psoriasis.
En utilisant une approche de gène candidat, une équipe vient de découvrir un nouveau facteur génétique de susceptibilité au psoriasis, non identifié jusqu'ici par ces études de liaison.
«Notre étude a examiné l'une des plus intéressantes régions du génome humain, la région des copies variables du chromosome8 qui contient 7gènes des bêta-défensines », explique au « Quotidien » le Pr John Armour, de l'université de Nottingham (Royaume-Uni), qui a dirigé ce travail.
«Pour la majorité de nos gènes, deux copies existent, l'une provenant de la mère, l'autre du père. Ces gènes des bêta-défensines sont intéressants et inhabituels car les personnes n'ont pas toujours 2 copies. En fait, c'est plutôt rare, elles en ont plus souvent 3, 4, 5 ou 6 et parfois plus. Ces gènes codent pour des défensines, de petites protéines antimicrobiennes et pro-inflammatoires, dont certaines sont exprimées dans la peau. L'existence d'une variation du nombre de copies de ces gènes nous a fait émettre une hypothèse: les individus portant davantage de bêta- défensines pourraient être à risque plus élevé de psoriasis.»
«En collaboration avec des équipes de Nijmegen (Pays-Bas) et Erlangen (Allemagne), nous avons analysé l'ADN des patients atteints du psoriasis aux Pays-Bas (179 cas) et en Allemagne (319), et nous avons comparé les résultats avec l'ADN de témoins des populations correspondantes.»
Les gènes des bêta-défensines sont sur-représentés.
«Nous avons découvert que des nombres élevés de copies pour les gènes des bêta-défensines sont significativement sur-representés parmi les individus souffrant de psoriasis, ce qui suggère que cela représente effectivement un facteur de risque de psoriasis.»
«Cela nous donne une autre piste pour comprendre ce qui se passe au cours du psoriasis. La découverte du rôle des bêta-défensines pourrait nous aider à mieux comprendre comment surviennent les lésions dermatologiques du psoriasis», poursuit le Pr Armour.
«Sur le plan pratique, si de nouveaux traitements pharmacologiques peuvent inhiber l'action des bêta-défensines, nous aurons une nouvelle approche thérapeutique.»
Etendre ces résultats aux autres troubles auto-immuns.
«Notre prochain objectif consiste à étendre ces résultats aux autres troubles auto-immuns et inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn. Car le fait de posséder davantage de copies des bêta-défensines pourrait également être un facteur de risque plausible pour ces maladies.»
«L'étude des gènes qui varient en nombre de copies ne fait que débuter, principalement parce qu'il n'existait pas de méthodes fiables, mais simples, de mesure du nombre de copies portées par un individu, remarque-t-il. Je pense qu'une vraie force de notre travail réside dans l'utilisation de nouvelles techniques qui peuvent être appliquées dans des études assez larges, avec le génotypage de centaines d'échantillons d'ADN, tout en délivrant le degré d'exactitude nécessaire pour distinguer, par exemple, six copies de sept.»
« Nature Genetics », 2 décembre 2007, Hollox et coll., DOI : 10.1038/ng.2007.48.
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