Alors que le nouveau « contrat d’accès aux soins » était censé entrer en vigueur dans un mois, bien malin qui pourrait prédire si cette nouvelle option à dépassements maîtrisés va finalement voir le jour. Les plus blasés ne s’étonneront guère de ces incertitudes puisque ça fait vingt ans que les partenaires conventionnels tentent d’inventer sous divers noms – secteur promotionnel, secteur optionnel, option de coordination – une troisième voie entre secteur 1 et secteur 2. Sans succès jusqu’à présent. Cette fois, tout est suspendu à un quorum d’adhésions : un tiers des médecins secteur 2 devaient avoir opté pour le nouveau dispositif avant le 30 juin. Mais la Sécu n’ayant toujours pas dépassé les 3000 adhésions, son patron a confirmé hier au Quotidien du Médecin qu’il accordait un délai de grâce jusqu’en octobre...
Le pari n’est pas gagné d’avance. Rappelons que seule la CSMF soutient activement le fameux « C.A.S. » imaginé par l’avenant n° 8 de la convention, la plupart des autres syndicats tirant à boulets rouges sur l’attelage. Même si «?la Conf’ » est majoritaire, un tel rapport de force ne garantit pas une adhésion massive au dispositif. Au-delà, une autre question se pose. Qui optera pour ce nouveau secteur ? Toute la philosophie du dispositif vise à siphonner le gros des honoraires libres pour ramener progressivement ces praticiens dans le bercail des tarifs opposables. Mais rien ne dit que les praticiens les plus « dépasseurs » se laisseront convaincre…
C’est même l’inverse qui semble se produire. Le cas de la médecine générale le suggère. Nos lecteurs ne sont a priori qu’indirectement concernés par ce nouveau « contrat d’accès aux soins » fermé au secteur 1, hormis les quelque 5 000 confrères de secteur 2 auxquels s’ajoutent une poignée d’anciens chefs ou assistants. Or, surprise ! Notre enquête montre que ces praticiens, souvent quinquas ou sexagénaires, presque toujours implantés dans les grosses agglomérations et dont les dépassements sont très modérés, pourraient bien se laisser tenter. On peut y voir un paradoxe : un système imaginé pour les spécialistes qui dépassent larga manu et qui séduirait finalement d’abord les disciplines les plus réglos. D’aucuns verront aussi dans cet effet d’aubaine un juste retour des choses pour des généralistes de grands centres urbains, un peu à l’étroit dans les règles tarifaires de la médecine générale et qui avaient bien besoin de dispositions sur mesure.
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