AINSI, le Ballet réintègre son théâtre et peut bénéficier à nouveau de l'accompagnement du superbe Orchestre du Capitole dans la fosse, dirigé pour ces représentations par Fayçal Karoui, avec « Thème et Variations », « Apollon Musagète » et « Meurtre sur la 10e Avenue », soit trois visages très contrastés de l'art du maître du néoclassicisme américain.
Quel bonheur que « Thème et Variations », véritable hommage du maître américain, né pétersbourgeois, à Marius Petipa, son père spirituel ! Réglé en 1947 à New York sur le dernier mouvement de la « Suite n° 3 » de Tchaïkovski et intégré en 1970 à cette même suite chorégraphiée dans sa totalité, sous le nom de « Tchaïkovski Suite n° 3 », il s'agit d'un véritable concentré de tout ce qui fait la saveur de la trilogie classique de Petipa et Tchaïkovski. Balanchine y cite même dans plusieurs des variations « la Belle au bois dormant » et la Polonaise finale rappelle fort celle du « Lac des cygnes «.
Sur un simple fond bleu ciel, le bleu Tiffany tout simplement, avec deux lustres de cristal pendant des cintres, seize danseurs merveilleusement disciplinés et rompus à la technique balanchinienne déclinent avec beaucoup de chic et d'élégance ces douze variations tandis que les solistes, Maria Gutierrez, qui vient d'être nommée première soliste, et Bruno Bittencourt, ce soir-là (chaque spectacle du Ballet de Toulouse comporte une double distribution), en assurent avec grande virtuosité les solos.
Avec « Apollon Musagète » (Apollon conducteur des muses), c'est le visage néoclassique de Balanchine que l'on découvre, celui d'une modernité absolue dans sa seconde collaboration avec Stravinski en 1928 (après « Le Chant du rossignol ») qui influença durablement l'écriture chorégraphique au XXe siècle. Le Ballet du Capitole en donne la version complète avec le Prélude et Vincent Gros, premier soliste, bel athlète au charisme indéniable, est un Apollon convaincant qu'entourent, fascinées, ses trois muses Paola Pagano (Terpsichore), Juliana Bastos (Polhymnie) et Lucille Robert (Calliope). C'est Nanette Glushak, directrice de la Danse et élève de Balanchine, qui a réglé dans un respect total de la technique et des traditions ces deux chorégraphies avec l'accord du George-Balanchine Trust.
« Slaughter on Tenth Avenue » qui complétait ce triptyque est encore une autre facette du maître, celle du collaborateur de Broadway qui régla les chorégraphies de quatre musicals de Rodgers and Hart. Montré - sauf erreur - pour la première fois en France, il a déchaîné l'enthousiasme du public toulousain.
« Meurtre sur la 10e Avenue » est un extrait de la comédie musicale « On your Toes » que le Royal Festival Hall de Londres a remontée l'an dernier (voir « le Quotidien » du 22 septembre 2003) avec le danseur Adam Cooper, connu du grand public pour avoir incarné Billy Elliot adulte à la fin du film et des initiés comme le Prince Siegfried dans le très provocateur « Swan Lake » de Matthew Bourne. Le musical parodique de Broadway et du Ballet soviétique, créé à Broadway en 1936, dont Balanchine lui-même avait réglé les deux immenses ballets qui finissent chaque acte, a donné lieu à une réduction de la scène finale qui se passe dans un cabaret new-yorkais, créée en 1968 au New York State Theater. Susan Hendl, une des administratrices du Balanchine Trust, a remonté ce savoureux final tragi-comique dans lequel un danseur russe commandite à un gangster l'assassinat d'un danseur de claquettes.
L'Italien Luca Massala, premier soliste, passe avec une aisance déconcertante des rôles de prince charmant au swing parfait d'un danseur de claquettes et sa partenaire Frédérique Vivan est impayable dans le rôle de la strip-teaseuse. L'Orchestre du Capitole aussi change de casquette pour offrir une performance digne d'un grand orchestre de jazz sous la direction vivifiante de Fayçal Karoui.
Une grande soirée en hommage à l'art du plus sophistiqué des chorégraphes.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13 et www.theatre-du-capitole.org). Prochain spectacle chorégraphique : « Casse-Noisette » de Tchaïkovski, version de Michel Rahn, décors et costumes Ezio Frigerio et Franca Squarciapino ; les 4, 5, 7 et 8 décembre. Prochain spectacle lyrique : « Lucia
di Lammermoor » de Gaetano Donizetti, direction Roberto Rizzi Brignoli, mise en scène Nicolas Joel, décors Ezio Frigerio, costumes Franca Squarciapino, les 16, 19, 23 et 26 novembre 2004 à 20 h 30 ; les 21 et 28 à 15 h.
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