C’est un bilan en demi-teinte que dressait début 2011, le Haut Conseil de la Santé Publique à l’issue du 3e plan antidouleur. Avec un constat simple : si la prise en charge de la douleur aiguë semble avoir progressé, celle de la douleur chronique reste encore en souffrance. Certes le nombre de structures dédiées à la douleur a fortement augmenté au cours de ces dix dernières années (avec 250 structures recensées en 2010) mais l’offre reste disparate, et comme le précise le Pr Michel Lantéri-Minet, neurologue au CHU de Nice et président de la SFETD (Société française d'étude et de traitement de la douleur), « il existe aujourd’hui en France une double hétérogénéité des structures douleur ».
D'abord du point de vue du nombre et du financement : la distribution est inégale, certaines régions (comme le Limousin) étant sous-dotées. Le constat est particulièrement vrai en pédiatrie. Alors que le plan 2006-2010 avait mis l’accent sur les populations vulnérables, dont les enfants et les adolescents, « certaines régions ne disposent encore d’aucune structure spécialisée » souligne le HCSP. « Ce problème de répartition est bien perçu par la direction générale de l'offre de soins (DGOS), et la répartition sera revue, commente le Pr Lantéri-Minet, mais l'enveloppe globale n'augmentera pas ».
La seconde hétérogénéité concerne les pratiques proposées avec des inégalités régionales importantes dans l’accès à certains traitements notamment non pharmacologiques. « Cette disparité entre les approches pharmacologiques et non pharmacologiques, la neuromodulation, la neurochirurgie... a été mise en exergue par les associations d'usagers, souligne le Pr Lantéri-Minet. La DGOS et la SFETD ont entamé une réflexion sur ce point, le but étant d'identifier les spécificités de chaque structure. Cela permettrait de mettre en place une coordination régionale de l'offre de soins ». Un défi, auquel devra répondre le prochain programme d’action douleur attendu sous peu. Avec, pour ce quatrième plan, un effort particulier pour « structurer l’offre de soins en ville et entre la ville et l’hôpital ».
Le réseau « Douleur Sarthe » résolument tourné vers la ville
Alors que le troisième plan Douleur est resté très hospitalocentré, plusieurs initiatives tentent de se tourner vers la ville. À l’image du Réseau Douleur Sarthe (RDS) qui depuis 2004, met en contact patients, professionnels de santé hospitaliers et libéraux afin d’améliorer la prise en charge de la douleur chronique. Ce réseau santé ville-hôpital fonctionne au travers d'une cellule de coordination située au Mans. Les demandes de consultations y sont analysées et orientées par le médecin coordonnateur.
Actuellement, près d'un tiers des 400 généralistes du département ont adhéré au RDS, à la suite d'une formation de 10 modules délivrée par les algologues libéraux.
D'après une enquête réalisée en 2010, 90 % des généralistes adhérents estiment que leurs pratiques de gestion de la ?douleur se sont améliorées. « Nous leur avons permis de mieux prendre en charge leurs patients douloureux chroniques» explique le Dr Roseline Duclos, médecin coordonnateur du RDS. «Ils nous appellent parfois pour un conseil, ou viennent aux réunions de concertations pluridisciplinaires présenter leurs cas cliniques, mais les demandes de consultations auprès des algologues ont nettement diminué.
Nous avons choisi de nous adapter aux médecins de ville en organisant l'ensemble des réunions le soir, et en passant toujours par le médecin traitant dans la prise en charge d'un patient. »
Depuis sa création en 2004, le RDS est passé de 4 à 11 sites de consultations douleur et les consultations en attente ont quasiment disparu. À terme, deux nouveaux sites de consultations devraient être mis en place. Le réseau travaille aussi à la mise en place avec une association de patients d'un programme d'éducation thérapeutique pour les porteurs de douleurs neuropathiques post-opératoires Et bientôt, le schéma départemental de ce réseau devrait être étendu
à l'ensemble de la région des Pays de la Loire, sur la demande de l'ARS.
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