Créé en juillet 2001, la Ligue d'entraide pour bègues enfants et grands (LE BEG)* entend prendre la parole « autrement » pour venir en aide aux 600 000 personnes atteintes par un problème de bégaiement.
A la fin du mois d'octobre, les chaînes de télévision devraient diffuser gracieusement un spot montrant que bégayer n'est ni une tare ni une maladie. D'ailleurs, Moïse, Aristote, Winston Churchill, Napoléon 1er, Isaac Newton, Charles Darwin, Marilyn Monroe, Bruce Willis ou encore Boris Becker bégayaient ou bégaient. En revanche, le bégaiement est assurément un handicap dans la vie quotidienne. « Les bègues n'ont aucun problème d'élocutions lors d'un monologue », explique Christian Boisard, président-fondateur de l'association. « Le bégaiement est lié avant tout à un problème d'appréhension du public, la peur d'être mal compris, de gêner les autres. Ce qui entraîne une plus grande sensibilité, une honte de soi. En général, le bègue a une respiration plus ou moins régulière. Parfois, il oublie de respirer avant chaque phrase. »
Les commissions techniques d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) reconnaissent que le bégaiement est une gêne au niveau de l'élocution, mais ne la considèrent pas comme un handicap. Elles classent les personnes concernées dans la « catégorie A », ce qui ne leur donne aucun droit particulier.
On distingue en gros trois types de bégaiement : le bégaiement perpétuel, caractérisé par une succession de ratés, sans qu'aucune syllabe ne soit dite correctement ; le bégaiement passif, qui se manifeste par un blocage en début et/ou en fin de phrases ; et enfin, le bégaiement temporel. Dans ce dernier cas, la personne tient une conversation durant un laps de temps sans difficulté, puis « soudainement au fil des phrases », ça se bouscule.
Christian Boisard, 48 ans, lui-même ancien bègue, « à la base auteur compositeur et ex-chanteur », n'arrivait pas à décrocher une seule syllabe, selon sa propre expression. C'était il y a trois ans. Son fils, âgé de 7 ans, est victime du même trouble. « Le voyant souffrir, j'en ai souffert », dit-il au « Quotidien ». « Alors, j'ai essayé de faire un amalgame de toutes les méthodes (thérapies orthophoniques, filtrage musical, hypnose, relaxation, sensibilisation, musculaire) que j'ai suivies, en vain, moi-même, et après un an de recherche j'ai trouvé comment nous en sortir. » Le sésame est une technique, testée en hôpital, reposant sur la respiration et une élocution rythmée des syllabes à partir des doigts de la main.
Aujourd'hui, Christian Boisard enseigne sa méthode, « efficace pour toutes formes de bégaiement », en trois jours de formation intensive (9 h-18 h). Avec cette formule d'enseignement, d'un coût de 495 euros, il n'y a pas besoin de nouvelles séances à répétition toutes les semaines, affirme-t-il. « En vingt minutes, j'arrive à faire s'exprimer un bègue, à le faire lire, sans qu'il y ait une gêne au niveau des syllabes. Et si par la suite un stagiaire rencontre à nouveau un problème, il peut revenir au stage se réimprégner de la méthode douce sans débourser un sou. » En un an, une trentaine de personnes ont déjà suivi le stage. A terme, Christian Boisard espère pouvoir multiplier les centres d'élimination du bégaiement à travers le territoire, après avoir formé des thérapeutes.
Reconnue par le ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, l'association LE BEG bénéficie du soutien actif (20 000 euros en 2003) de la Région Ile-de-France.
* 19, rue Saint-Honoré, 75001 Paris, tél. 01.42.41.06.36.
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