A tout seigneur tout honneur ! Saluons la
réédition d'un certain nombre des enregistrements réalisés par le pianiste d'origine italienne Aldo Ciccolini pour EMI entre 1968 et 1982 dans la collection économique « Rouge et Noir ». Ciccolini fut un pionnier en enregistrant dans les années cinquante, à l'ère du son mono, une intégrale des « Années de pèlerinage », de Franz Liszt, puis des « Harmonies poétiques et religieuses » en 1968.
On retrouve ici ces dernières sous les doigts les plus poétiques, dans des tonalités appropriées à ce chef-d'uvre à la fois austère et grave. Deux Légendes, Six Consolations et quelque-unes des paraphrases de Liszt sur des thèmes d'opéras de Verdi complètent le programme de ce prodigieux coffret (1) d'un artiste qui n'a pas fini de nous étonner aujourd'hui encore au concert.
Signalons aussi, dans la série consacrée par l'éditeur français Lyrinx au piano à l'occasion de son vingt-cinquième anniversaire, la réédition d'un enregistrement assez récent (1996) de la pianiste lithuanienne Mûza Rubackyté (2).
Ce premier volume d'un choix d'Études de Franz Liszt est aussi une très belle contribution à la discographie pas si abondante de ces pièces d'exécution transcendante.
Dans la collection « Début EMI » qui donne à de jeunes musiciens leur première chance discographique, Mathieu Papadiamandis tente et réussit le « tout Liszt ». Il aborde l'incontournable " Sonate en si avec beaucoup de bonheur et un véritable ton personnel. Mais c'est dans « Vallée d'Obermann » et « Nuages gris » que l'on peut apprécier l'étendue de sa sonorité et une maturité exceptionnelle chez ce jeune pianiste (3).
On savait, depuis ses premiers concerts en France, qu'avec le Norvégien Leif Ove Andsnes on avait à faire à un grand maître, un de ceux qui un jour rempliront les salles. Cet enregistrement le confirme et sur un terrain qui n'est pas le plus facile. Liszt, certes. Mais le Liszt le plus difficile à réussir, ni trop virtuose, ni trop cérébral, en apparence du moins, le Liszt des « Méphisto-Valses », des « Valses oubliées », de la « Ballade », de la « Fantasia quasi Sonata ». C'est cette dernière, titrée « Après une lecture de Dante » qui ouvre avec la sobriété requise mais aussi la vie interne, la profusion d'idées, la sonorité riche et sans esbroufe, ce récital à programme (4).
La modernité du jeu d'Andsnes, dans les limites strictes du texte (ce qui chez Liszt est rare car il tente les arrangeurs de tous poils), l'austérité intellectuelle qui ne veut pas dire pauvreté, fait penser à un autre grand lisztien disparu : Claudio Arrau. Puisse la vie ne pas faire attendre l'extrême vieillesse à ce jeune Norvégien plein d'avenir pour atteindre la célébrité comme elle l'a fait pour son glorieux aîné.
(1) 2 CD EMI « Rouge et Noir ». ADD et DDD. Durée : 2 heures et 27 min.
(2) 1 CD Lyrinx. DDD. Durée : 59 min.
(3) 1 CD EMI. DDD. Durée : 74 min.
(4) 1 CD EMI. « Début ». DDD. Durée : 58 min.
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