FACE AU « PROBLÈME crucial » de l'offre de soins en milieu rural, la Mutualité sociale agricole (MSA) lance trois nouvelles expérimentations. La MSA, deuxième régime d'assurance-maladie, s'efforce depuis plusieurs années d'améliorer l'offre de soins ambulatoire et hospitalière de proximité. Elle est à l'origine notamment d'un contrat de bonnes pratiques avec les médecins ruraux (intégré à la convention médicale de 2005), de la création de 116 Maisons d'accueil rurales pour personnes âgées (Marpa) et de réseaux gérontologiques (expérimentés de 2000 à 2004, puis prolongés depuis, à l'exception de deux d'entre eux). « Les actions innovantes sont la marque de fabrique de la MSA », explique Joëlle Lefèvre, sous-directrice de l'assurance-maladie à la Caisse centrale du régime agricole (Ccmsa).
Cette fois, la MSA se propose d'encourager l'installation de maisons de santé rurales pluridisciplinaires (regroupant médecins, praticiens paramédicaux, pharmaciens et ambulanciers) sur neuf sites « non désertifiés » répartis dans six régions (1). Cette expérimentation, qui devrait démarrer à la fin de l'année 2005 et durer jusqu'à fin 2007, vise à « maintenir des professionnels de santé » en zone rurale et à « inciter d'autres professionnels à s'y installer », grâce à l'amélioration des conditions d'exercice, explique le Dr Martine Binois, médecin conseiller de la Ccmsa.
Ces maisons de santé rurales favoriseront « la délégation des tâches médicales et administratives », ainsi que « l'articulation avec le dispositif de permanence des soins et les acteurs locaux (réseaux de santé, hôpitaux locaux, soins à domicile) », poursuit le Dr Binois. Si le bilan de cette expérimentation est positif, la MSA envisage de favoriser « la généralisation de ce type de structures », ouvertes à tous les assurés sociaux et pas seulement à ceux du régime agricole.
Les pharmaciens sollicités.
Les deux autres expérimentations en cours à la MSA impliquent - une fois n'est pas coutume - les pharmaciens de campagne. Cette profession, qui « n'est pas un partenaire habituel de la MSA », est sollicitée en raison de « son lien très fort avec la population en milieu rural », précise le Dr Marine Jeantet, autre médecin conseiller de la Ccmsa. Les deux expérimentations résultent d'un accord conclu le 30 juin 2005 entre le régime agricole et les principaux syndicats de pharmaciens (Fspf, Unpf, Uspo). Tout d'abord, pour remédier aux difficultés d'accès aux pharmacies en milieu rural, la MSA va expérimenter avec 60 pharmaciens ruraux de huit départements (2) la dispensation à domicile de médicaments en semi-urgence (dans un délai de 4 heures), pendant six mois, à compter du 1er octobre. Dès lors que cette dispensation est prescrite par le médecin à un assuré du régime agricole, le pharmacien en déplacement pourra percevoir une majoration de 10 euros (plus des indemnités kilométriques et la TVA).
La seconde expérimentation vise à prolonger le maintien à domicile des assurés MSA qui présentent une perte d'autonomie ou une incapacité physique. Cent pharmaciens ruraux doivent y participer dans 13 départements (3) pendant un an. Formés et rémunérés, ces pharmaciens joueront un rôle pivot dans la prise en charge à domicile des patients : expertise des besoins en matériel médical et en formation de l'entourage du patient, coordination avec le médecin traitant, les services infirmiers et services sociaux de la MSA, proposition de devis (en modérant le plus possible le prix facturé du matériel livré)...
La MSA estime à 400-450 le nombre d'assurés qui pourraient bénéficier de ces deux expérimentations originales avec les pharmaciens.
(1) Ces sites sont dans les départements suivants : Vienne, Deux-Sèvres, Charente-Maritime, Aveyron, Haute-Loire, Pyrénées-Atlantique, Loire-Atlantique, Meurthe-et-Moselle, Vosges.
(2) Charente, Calvados, Manche, Sarthe, Nièvre, Yonne, Côte-d'Or et Saône-et-Loire.
(3) Ariège, Charente, Creuse, Corrèze, Corse-du-Sud, Loire-Atlantique, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, Rhône, Calvados, Manche, Maine-et-Loire, Loiret.
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