Festival des Régions à Paris

Trois divas au Châtelet

Publié le 19/06/2005
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EX-SOLISTE de Balanchine et de Cunningham, Karole Armitage, diva dissidente de la modern dance, a été pendant quelques saisons chorégraphe associée au Centre chorégraphique de Nancy - Ballet de Lorraine, auquel elle a déjà donné de superbes pièces de répertoires telle « Le Chat de Schrödinger » en 2000. Elle vient de revenir dans la capitale lorraine pour y monter le spectacle qui fut celui des fêtes de célébration du 250ème anniversaire de la Place Stanislas en décembre dernier. Confrontation de choc avec de la musique du hongrois Ligetti et du français Rameau, soit quasiment trois siècles d'écart.
Avec « Ligeti Essais », on retrouve la Karole Armitage au vocabulaire très sportif, avec une gestuelle dont la précision fait la force. Sur une grande scène vide habillée de gris et peuplée d'un arbre et d'un portemanteau art déco, elle créé autant de variations avec sept danseurs qu'en comporte l'œuvre de Ligeti « Sippal, Dobbal, Nàdihegedüvel » (Sifflets, tambours, violons-roseaux) sur des poèmes de Sándor Weöres. Les danseurs en simples maillots enlèvent cette pièce tonique avec une facilité apparente et beaucoup de fluidité.
Pour monter « Pigmalion », acte de ballet avec son intrigue plus que mince, sans insister lourdement sur ses origines ovidiennes, l'inclassable Karole est revenue aux sources de sa solide formation classique (elle a débuté dans la troupe du Grand Théâtre de Genève) et a réussi le miracle de faire danser magnifiquement les chanteurs, tous doublés d'un danseur, comme un prolongement de leur personnalité lyrique. Rigueur et dépouillement avec une scène vide limitée par un rideau de perles, des costumes superbes dans leurs couleurs pâles et leur simplicité biblique et la formidable statue façonnée par Pigmalion figurée par la chanteuse enveloppée dans un drapé et fixée à son socle.
Belle interprétation des chanteurs, même si leurs voix n'est pas au format du Châtelet (Cyril Auvity, Magali Léger, Valérie Gabail et Cassandre Berthon) et bonne tenue de l'ensemble Le Concert Spirituel aux sonorités très authentiquement fluettes sous la baguette experte du spécialiste Hervé Niquet.
Tout le succès de cette courte pièce qui passe comme un songe réside dans la simplicité du geste, visant à montrer sans aucun fard la simple métaphore de l'artiste tombant irréaliste ment amoureux de sa créature.

DEUX POINTURES DU LYRIQUE.
Pour la partie lyrique du Festival ce sont deux grandes pointures des scènes d'opéra qui se partageront les deux spectacles du Capitole de Toulouse dont nous avons déjà ici rendu compte (voir nos éditions des 21 mars et 30 mai). Successivement l'Italienne Anna Caterina Antoniacci pour un retour très attendu dans la rare « Medea » de Luigi Cherubini, dans laquelle elle s'est confirmée, lors des représentations toulousaines sous la direction de Yannis Kokkos, une grande tragédienne, peut-être même la seule aujourd'hui à pouvoir aborder ce répertoire. Puis, pour « La Rondine », comédie douce-amère rarissimement montée de Puccini, que Nicolas Joel avait montée au Covent Garden de Londres avant de la reprendre dans son Capitole, la Roumaine Angela Gheorghiu, célèbre pour son tempérament de feu. Deux spectacles à ne surtout pas manquer qui achèveront en beauté l'excellente saison du Châtelet.

Châtelet (01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com). « Medea » les 30 juin, 5 et 8 juillet à 19 h 30, le 3 à 16 h. « La Rondine » les 1er, 4 et 7 juillet à 19 h 30, le 10 à 16 h.

> OLIVIER BRUNEL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7774