AU COURS de l'insuffisance rénale chronique, le contrôle de l'hyperphosphatémie liée à une épuration rénale des phosphates alimentaires défaillantes suppose un apport strictement limité, une dialyse (souvent insuffisante), un traitement hypophosphatémiant reposant sur les chélateurs à base de calcium ou d'aluminium (risque d'accumulation à terme), polymères…
En dépit des traitements existants efficaces, le contrôle de l'hyperphosphatémie reste un défi puisque près de trois quarts des insuffisants rénaux à un stade avancé, en dialyse, gardent une phosphatémie supérieure aux taux recommandés (moins de 1,78 mmol/l, soit 5,5 mg/dl). A terme, l'hyperphosphatémie entraîne, outre une ostéodystrophie, une calcification tissulaire ubiquitaire avec atteintes pulmonaires et cardiaques graves. Les maladies cardio-vasculaires sont responsables de la moitié de la mortalité des dialysés. Plusieurs raisons à ce mauvais contrôle sont identifiées : suivi difficile d'un régime alimentaire drastique (restriction de liquides, apport limité en protéines) ; mauvaise observance du traitement, un facteur dénoncé par de nombreux experts. Une enquête auprès des patients révèle que 40 % d'entre eux oublient de prendre le chélateur de phosphate, 38 % ne le prennent pas au moment des repas, 23 % changent les doses, 19 % font l'impasse sur certaines prises, 21 % réduisent la dose totale… Des raisons très pratiques expliquent cette défaillance : les patients sont soumis à de nombreux autres traitements (jusqu'à 25 comprimés par jour) et à plusieurs contraintes (dialyse, régime). Il faut y ajouter des raisons conceptuelles liées à leurs représentations et perceptions de la maladie. Toutefois, le trop grand nombre de comprimés à prendre (souvent 12 par jour pour certains hypophosphatémiants) est la première cause signalée par les patients, qui, par ailleurs, ne comprennent pas la façon de les prendre. Ils se demandent si le traitement est bien nécessaire et si les effets indésirables ne sont pas pis que la maladie, souligne le Pr Rob Horne, professeur de «comportementalisme vis-à-vis des médicaments» à l'école de pharmacie de Londres qui a dirigé une étude sur les schémas comportementaux de 221 insuffisants rénaux dans 8 centres britanniques. Il ressort que la simplification du schéma thérapeutique et la réduction de la charge en comprimés peuvent être salutaires.
Un nouveau traitement chélateur de phosphates, sans calcium ni aluminium, Fosrénol, est mis à la disposition des néphrologues. Il s'agit de carbonate de lanthanum d'ailleurs présent à l'état de traces dans l'environnement, notamment l'eau de boisson dans certaines régions. Doté d'une forte affinité pour les phosphates du bol alimentaire, il réduit efficacement la phosphatémie des sujets en dialyse. Point crucial, selon les experts, Fosrénol peut être administré selon un schéma simple : habituellement une gomme à mâcher au cours de chaque repas.
Des essais ont montré une réduction significative de la phosphatémie dès les deux premières semaines de traitement. Près de 70 % des patients ont une phosphatémie conforme aux recommandations. Les résultats se sont maintenus à trois ans dans une étude au long cours.
Barcelone, conférence de presse internationale organisée par le Laboratoire Shire.
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