AVEC « Suite en blanc » créé en 1943 par un Lifar au sommet de sa gloire, c’est la danse académique qui est à la fête. Sur des extraits de « Namouna » d’Edouard Lalo, il a réglé «une véritable parade technique». Et qui mieux que le Ballet de l’Opéra de Paris peut-il rendre justice aujourd’hui à cette féerie ? Pas moins de cinq danseurs étoiles dont Agnès Letestu, Aurélie Dupont, Jean Guillaume Bart et Manuel Legris rendent justice à cette merveilleuse et intemporelle chorégraphie avec un style et une technique ébouriffants.
« Les Mirages » (1947), avec ses décors de Cassandre et sa musique d’Henri Sauguet, sont beaucoup plus datés. Il faut des Etoiles aussi exceptionnelles que Nicolas Le Riche et Marie Agnès Gillot pour en faire passer le côté suranné, à la limite du désuet. Et au spectateur une certaine imagination pour y reconnaître une «méditation sur la solitude de la condition humaine». Cependant, il est tout à fait justifié que l’Opéra de Paris montre de temps en temps ces pièces appartenant à son passé, tant qu’il le fait dans de telles conditions artistiques. Pris en sandwich entre ces deux géants de quarante minutes, « L’envol d’Icare », au sujet mythologique et qui n’en dure que la moitié, est comme une bouffée d’air frais. On a demandé à Thierry Malandain, ancien du Ballet de l’Opéra de Paris et directeur du Centre chorégraphique national de Biarritz, d’en réaliser une nouvelle chorégraphie sur une nouvelle musique (Lifar n’avait pas utilisé celle d’Igor Markevitch prévue et la pièce était dansée dans le silence). Malandain a choisi le très beau et lumineux « Concerto pour piano et cordes » d’Alfred Schnittke (1979) et composé une chorégraphie très sensuelle et narrative rehaussée par des costumes très colorés d’Alain Lagarde. Trois interprètes se succéderont dans le rôle principal qui incarne successivement le Minotaure, Thésée et Icare. Nous avons vu Benjamin Pech qui réalisait ces métamorphoses avec une force contenue et beaucoup de grâce. On ne répétera pas assez le luxe que représente la présence dans la fosse, pour ces soirées au programme aussi composite, de l’Orchestre de l’Opéra de Paris et du chef Vello Pähn. Leur excellence donnait une grande unité à ce formidable hommage à un chorégraphe au talent aussi diversifié.
Opéra de Paris-Garnier : 0 892.89.90.90 et www.operadeparis.fr. Jusqu’au 28 octobre. Prix des places : de 6 à 80 euros
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