Bien que Trichomonas vaginalis ait été découvert il y a plus d'un siècle et demi, on commence seulement à mieux comprendre la pathogenèse complexe de ce parasite et son association fréquente avec d'autres germes (mycoplasmes, bactéries anaérobies) dont la pullulation serait en rapport avec l'inflammation vaginale, et des microlésions consécutives à l'activité de diverses protéases parasitaires. L'association trichomonose urogénitale/bactériose vaginale (mycoplasmes, Gardnerella, Mobiluncus...) est particulièrement courante.
Comme T. vaginalis est fragile en dehors du corps humain, il est capable de se déguiser pour échapper aux défenses immunitaires (détruire les IgA au niveau de la muqueuse vaginale) et d'adopter la stratégie des relations symbiotiques (qui ont été décrites aussi entre certaines amibes et Legionella pneumophila) : les mycoplasmes ont été observés à l'intérieur de vacuoles cytoplasmiques de ce parasite. En outre, il a été démontré que T. vaginalis peut jouer un rôle de transporteur de M. hominis : des Trichomonas infectés par des mycoplasmes sont capables de transmettre l'infection à des Trichomonas sains, mais aussi à des cellules épithéliales humaines in vitro. Reste à confirmer cette hypothèse par des études in vivo. A la lumière de ces découvertes, on comprend l'importance de la prise en charge de l'infection à T. vaginalis qu'elle soit symptomatique ou non ainsi que de la recherche de la présence des mycoplasmes.
Diagnostic bactériologique
Comme le rappelle le Dr R. Grillot, on ne traite pas une vulvo-vaginite à T. vaginalis d'après les signes cliniques, car 88 % des femmes échapperont au diagnostic et 29 % seront traités par excès. « La fiabilité du diagnostic bactériologique précis repose sur la qualité du prélèvement effectué et de bonnes conditions de transport au laboratoire, le parasite étant très sensible au changement de température et à la dessiccation. Des formes rondes sans flagelles correspondent vraisemblablement à des formes de "souffrance" du parasite », explique-t-elle. On retiendra que la sensibilité moyenne de l'examen de laboratoire n'excède pas 60 % et celle de la mise en culture peut atteindre de 85 à 95 % avec un délai de deux à sept jours. Des méthodes diagnostiques plus sophistiquées devraient être disponibles dans un avenir proche.
Face au problème de vulvo-vaginites dans la pratique quotidienne, les praticiens sont souvent amenés à recourir d'abord à un traitement en aveugle et demander un prélèvement en cas d'échec ou de récidive.
Observance et tolérance
On entrevoit l'intérêt du secnidazole de la classe des nitro-imidazolés, qui présente une activité à la fois sur T. vaginalis et les bactéries anaérobies. Selon le Dr L. Dubreuil, on constate souvent le succès thérapeutique et on peut être optimiste pour son utilisation car, contrairement à d'autres antibiotiques, les résistances acquises sont exceptionnelles. Le secnidazole possède une demi-vie d'élimination très prolongée (vingt-cinq heures). Il est proposé sous forme de microgranules conditionnés en sachets (Secnol 2 g), une nouvelle galénique qui permet une administration en une prise unique. Ce qui ne peut qu'améliorer l'observance et la tolérance du traitement.
Conférence de presse des Laboratoires IPRAD, avec la participation de P.-M. Defrance (Laboratoires IPRAD), J. Acar (Paris), Ch. Jamin (Paris), G. Grillot (Grenoble), L. Dubreuil (Lille), D. Fagnen (Laboratoires IPRAD)
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