Dr MICHEL PALMER Président du Syndicat des médecins de stations thermales
DEPUIS LONGTEMPS déjà, bien avant le plan Johanet de 1999, à côté du spectre du déremboursement de médicaments à faible SMR et de l’avenir des petits hôpitaux, le thermalisme revenait rapidement sur le tapis des économies possibles. Dans chaque cas, les arguments de la défense sont aisés à développer et très recevables.
Mon maître, le Pr Stanislas de Sèze, nous a appris à analyser une radio, faire un diagnostic, choisir une thérapeutique dans les pathologies graves. Pour le reste, silence. Quelle surprise quand je vis un jour l’ordonnance faite en consultation privée à un de ses patients, énumérant méticuleusement la prise de médicaments placebo. Les responsables de la commission de la transparence et de la Haute Autorité de santé (HAS) ont-ils le même double langage ? D’un côté, condamner officiellement les médicaments à faible SMR, de l’autre, prescrire ces produits à leurs patients en espérant que le bon sens populaire les repêchera. Ces médicaments sur la sellette ne représentent que 2,5 % des dépenses totales de 17,5 milliards d’euros. Le passé proche regorge d’exemples sur les effets économiques négatifs d’un déremboursement. On peut se demander par quoi ont été remplacés les antiasthéniques, sinon par des anxiolytiques et des antidépresseurs qui nous ont propulsés à la première place des consommateurs européens. Se demander que prennent les Italiens pour leurs jambes lourdes et combien de complications thromboemboliques sont apparues ? Le ministère semble avoir entendu partiellement les arguments.
Pour les petits hôpitaux, j’ai le souvenir d’un responsable de Sros qui voulait étrangler une maternité de bonne qualité en supprimant la chirurgie de l’hôpital, ce qui fut fait. Il voulait aussi fermer le service des urgences. Les habitants, les élus, les CME ont organisé un partenariat avec la clinique chirurgicale locale qui a permis de sécuriser la maternité et de maintenir les urgences. Depuis, le nombre d’accouchements a augmenté de 60 % en huit ans. Les emplois sont maintenus, le coût est moins élevé qu’au CHR et, très accessoirement, le maire est satisfait.
Recherche clinique.
Pour le thermalisme, c’est un peu la même chose. Son coût est toujours aussi faible – 250 millions d’euros par an environ – avec un intérêt thérapeutique non négligeable entraînant des économies de médicaments ou de rééducation pendant plusieurs mois. Il s’agit d’une prise en charge globale du patient permettant de s’occuper de sa pathologie justifiant la cure, de lui proposer une éducation à la santé et une prévention des récidives. Bien sûr, les autorités demandent les preuves d’un service médical rendu, comme pour toutes les autres thérapeutiques.
Un recueil de 250 articles a été réalisé par la Fédération thermale et climatique de France et, parmi ceux-ci, une trentaine d’études ont fait l’objet d’une publication dans des revues anglo-saxonnes. Les recommandations de l’Anaes sur le traitement de la lombalgie chronique placent le thermalisme au grade B, la note maximale obtenue, toutes thérapeutiques confondues.
De nouveaux travaux d’évaluation du thermalisme se mettent en place grâce à l’Association française pour la recherche thermale dont le financement provient des établissements thermaux, des communes et des conseils généraux et régionaux. Alors qu’une première étude multicentrique sur le traitement thermal des affections psychosomatiques versus paroxétine est déjà bien engagée, les travaux cliniques issus de l’appel d’offres effectué au printemps 2005 vont pouvoir débuter en partenariat universitaire, sous la surveillance du conseil scientifique de l’Afreth (Association française pour la recherche thermale), dans plusieurs orientations thermales :
– en ORL, l’évaluation du traitement thermal dans l’otite séromuqueuse récidivante de l’enfant, coordonnée par le Pr J.-L. Montastruc (Toulouse) ;
– en phlébologie, l’évaluation de l’efficacité de la cure thermale dans la prévention du syndrome post-thrombotique après thrombose veineuse profonde des membres inférieurs. Essai thérapeutique randomisé par le Dr Poirault (CHU de Grenoble) ;
– en rhumatologie, l’évaluation du traitement thermal de la gonarthrose. Essai clinique randomisé cure versus poursuite du traitement habituel. Etude bicentrique du Dr Desfours (Balaruc), du Pr Hérisson (Montpellier) et du Dr R Forestier (Centre de recherches rhumatologiques et thermales d’Aix-les-Bains).
Les contraintes inhérentes à ces études, comme pour la rééducation ou la chirurgie, où l’on ne peut faire de double aveugle contre placebo, imposent des protocoles différents de ceux employés pour les médicaments mis au point par les membres de la Société française d’hydrologie. A côté de ces études, des travaux très favorables dans le traitement thermal de la spondylarthrite ankylosante venant des Pays-Bas (Pr Van Tuberghem) ont été récemment publiés dans la presse médicale internationale.
Nous avons totalement confiance dans l’avenir du thermalisme médical et social, non seulement thérapeutique mais aussi préventif, avec l’impression que les attaques répétées mais fort peu motivées ne font que le renforcer et motivent ses défenseurs.
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