Par le Dr François Vié le Sage, les Prs Odile Launay, Robert Cohen, Brigitte Autran, Alain Fischer et Philippe Sansonneti*
Selon une étude récente de la London School, la France est le pays du monde qui a le plus d’hésitations vaccinales malgré son caractère incontournable. 50 sociétés médicales, paramédicales, les Académie de Médecine, de Pharmacie et de soins infirmiers, des syndicats médicaux ont signé un manifeste commun**.
Les onze vaccins de l’enfant qui deviendront obligatoires le 1er janvier 2018 sont indispensables. Ils ne sont pas nouveaux. Dans le calendrier vaccinal en vigueur auparavant, trois étaient déjà obligatoires et huit recommandés. 70 à 90 % des enfants étaient déjà vaccinés, ce qui est insuffisant. Une proportion, certes minoritaire, des enfants n’est pas protégée mettant en danger les autres, en particulier dans les collectivités. La vaccination des nourrissons par la plupart de ces vaccins protège également de façon indirecte (la fameuse immunité de groupe) les sujets fragiles, les malades, les sujets âgés et les nourrissons trop petits pour avoir déjà reçu leurs propres vaccins. C’est parce que la couverture vaccinale est insuffisante que la France fait aujourd’hui partie des 6 derniers pays d’Europe à voir encore la rougeole circuler sur son territoire.
L’obligation vaccinale peut paraître une mesure excessive ; la plupart des pays du monde n’ont pas besoin d'obligation pour bien vacciner. En France, l’extension des obligations est la seule solution que nos tutelles pouvaient retenir en raison du contexte spécifique français. La concertation citoyenne avait été unanime sur le caractère incontournable de la vaccination, et a recommandé l'extension des obligations vaccinales du nourrisson. Il est crucial que cette politique réussisse.
Les vaccins représentent un des acquis majeurs de la médecine. Ils permettent de prévenir des maladies potentiellement sévères, de réduire la mortalité et le risque de séquelles, d’éviter des traitements lourds et des souffrances inutiles. La vaccination est ainsi une technique médicale particulièrement efficace et bien tolérée. La vigilance vis-à-vis de ses exceptionnels effets indésirables est rigoureuse et transparente.
La France, pays des Lumières, est une des nations ayant le plus contribué à la découverte, le développement et la diffusion des vaccins. Il est donc paradoxal qu’elle soit, à présent, le leader de l’hésitation vaccinale. Le déni des avantages, les rumeurs et allégations sur de prétendus effets secondaires graves de la vaccination, les fausses informations, le « complotisme » ont envahi les réseaux sociaux et certains médias, influençant négativement la population. Parallèlement, l’expertise scientifique est dénigrée. Nous sommes dans le règne de la rumeur et non de la science.
Tout ceci serait sans importance si la santé de notre population n’était mise en danger. Les sociétés signataires se sont déjà exprimées ensemble ou séparément sur leurs craintes vis-à-vis d’une régression de la santé.
Les sociétés signataires ont par ailleurs souhaité que cette décision majeure s’accompagne d’efforts sans précédent en termes de communication, de pédagogie et de formation. Une mise à disposition sans faille des vaccins devra être aussi déployée dans le même temps. Il sera important que l’action du gouvernement cible également la vaccination des adolescents, en particulier par le vaccin contre les infections à papillomavirus, ainsi que la vaccination autour de la grossesse et dans l'entourage des personnes fragiles et vulnérables.
* Le Dr Vié le Sage est responsable vaccination au sein de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) ; le Pr Odile Launay signe pour la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) ; le Pr Robert Cohen pour le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) et la Société Française de Pédiatrie (SFP)
** Soutenir la politique vaccinale sur le site de l'AFPA : http://www.afpa.org
Le « le manifeste des 49 sociétés scientifiques » est ici
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