EST-IL bien raisonnable pour une troupe étrangère de se présenter à Paris ? Le Ballet de l’Opéra de Paris compte parmi les meilleurs interprètes des chorégraphies de George Balanchine, avec une présentation pas vraiment convaincante, autant par les flottements de l’ensemble que la moyenne prestation des solistes. C’était le cas de « Symphonie concertante » qui, certes, n’est pas parmi ce que l’on voit ici le plus souvent du grand chorégraphe russo-américain.
De même, le pas de deux « Diana et Acteon », d’Agrippina Vaganova, et remonté par Noureev, cheval de bataille des soirées dites de gala, ne s’accommode vraiment que de l’impeccabilité. « Sinatra Suite », créé par Twyla Tharp en 1983, ne mène, du point de vue de l’expression chorégraphique, pas très loin avec son couple en tenue de soirée d’Oscar de la Renta, dansant sur des standards du grand Frankie. Mais, au moins, même si l’on se croit, durant ces quinze minutes, transporté dans quelque casino du New Jersey, avec ses deux parfaits interprètes Misty Copeland et Angel Corella, on y croit fort car c’est absolument sans prétention et au mieux de ce que cela peut être.
« The Green Table », danse de la mort en huit tableaux sur une musique pour deux pianos de Frederick A. Cohen, était le véritable plat de résistance de la soirée. OEuvre de l’Allemand Kurt Joss, dont Pina Bausch fut l’élève, cette chorégraphie pour le moins expressionniste de 1932 a été remontée par sa fille Anna Markard en 2005 pour l’ABT. L’argument (de Joss également) tourne autour de la guerre et du hiatus qui existe entre ses décideurs (hommes à masques grotesques et en gants blancs réunis autour d’une table à jouer) et les pauvres victimes.
Magistralement interprétée par 26 danseurs de la troupe, cette pièce, qui a un intérêt documentaire énorme (elle n’avait été montrée à Paris qu’en 1932), s’est taillé un franc succès.
Ajoutons que ce programme sans unité de style ni de programmation a dû paraître un peu chaotique aux spectateurs non attirés par un pur intérêt historique. Dans ses bagages, l’ABT avait aussi « Fancy Free », de Bernstein et Robbins, un véritable régal, « Dark Elegies », de Tudor, « In the Upper Room », de Tharp, des chorégraphies de Fokine, Petipa, Mark Morris et l’acte des Ombres de « La Bayadère » qui appelle la même réserve que Balanchine.
Théâtre du Châtelet : 01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com. Prochain spectacle chorégraphique : Les Ballets de Monte-Carlo, « La Belle », chorégraphie de Jean Christophe Maillot, du 11 au 14 juin.
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